À Montreuil (93), un immeuble de bureaux ne pouvait recevoir de charge supplémentaire trop importante. La surélévation de deux niveaux a donc été réalisée en ossature métallique combinée à une façade associant isolation par l’extérieur et par l’intérieur.

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Le chantier devrait répondre à trois contraintes : manque d’accessibilité, limitation de la surface et performance thermique.

Il faut imaginer la rue Garibaldi, artère étroite à Montreuil (93), ville fortement densifi ée en proche banlieue de Paris. Le bureau d’études techniques d’ingénierie OGI y est propriétaire d’un immeuble de bureaux R+2 datant des années 1970 non isolé. Il est constitué d’une ossature en béton armé (poteaux poutres) avec façades en béton préfabriqué non porteuses et toiture-terrasse inaccessible. En 2011, OGI décide son extension pour créer de nouveaux bureaux et le surélever de deux étages afi n de créer trois appartements en duplex. L’architecture existante est médiocre et peu performante sur le plan énergétique. Le cabinet d’architecte C Lebrun prend en charge l’ensemble de l’opération. Un chantier rendu diffi cile car il s’agissait d’intervenir en site occupé et diffi cile d’accès. De plus, la structure d’origine ne pouvant pas recevoir de charge supplémentaire, le recours à une solution en maçonnerie traditionnelle s’avérait impossible. L’ingénieur-architecte Etienne Lebrun a donc préféré concevoir cette surélévation à partir d’une structure métallique légère en portiques, s’appuyant essentiellement sur les poteaux de la structure béton existante, qui enveloppe au plus près l’existant. Le bardage garantit la continuité d’aspect architectural de l’ensemble des façades.

Légéreté et performance thermique

Le parement de façade, composé de panneaux en résine de bois stratifi é (Fundermax de 8 mm d’épaisseur) de couleur brun ambré, est vissé sur une ossature en acier. Il vient habiller 380 m² du système de Façade F4 d’Isover Saint-Gobain. Les caractéristiques de ce dernier permettent de répondre aux trois contraintes majeures de ce type de chantier : le manque d’accessibilité, la limitation de la surcharge sur la structure béton existante et les exigences thermiques. Le complexe est conçu à partir de profi lés verticaux en tôles d’acier pliées (développées par Sadef et Isover-Saint-Gobain), positionnés en nez de dalle à l’aide de platines sur lesquelles est fi xé un premier panneau d’isolant de 12 cm d’épaisseur en laine de verre semi-rigide (Isofaçade 32). Un parepluie est incorporé avant mise en oeuvre des profi lés destinés à recevoir le bardage. à l’intérieur, 10 cm d’épaisseur de laine de verre (Isoconfort 32) et un pare-vapeur sont maintenus par des lisses, des fourrures et des appuis. Le tout est supporté par une structure métallique fi xée sur les profi lés extérieurs. La majorité de ces produits ont pu être livrés sur chantier pré-découpés et pré-percés. L’ensemble de ce système en construction sèche se positionne à mi-chemin entre ITE et ITI. Avec comme avantage majeur de proposer une épaisseur de la paroi (28 cm hors bardage) et un poids (42 kg par m²) inférieurs à une solution équivalente en maçonnerie. « À performance thermique égale, il permet de gagner presque 6 cm d’épaisseur par rapport à un système traditionnel. Le poids est lui divisé par cinq comparé au parpaing. Cela permet d’alléger considérablement les descentes de charges », insiste Harold Hugonenc, responsable du département solutions constructives chez Isover. Quant aux performances thermiques, acoustiques et d’étanchéité à l’air duf système, elles atteignent le niveau BBC. L’ensemble a été validé par un Avis technique du CSTB. Originalité du chantier : à l’origine, le système F4 a été conçu pour les ouvrages en structure béton. « C’est ici la première fois que ce complexe est mis en oeuvre sur une ossature acier », souligne l’architecte. Quelques ajustements de mise en oeuvre ont été nécessaires. « Le calepinage a demandé une précision au millimètre près. Notre plan d’exécution était très détaillé, presque similaire à un plan de fabrication », complète-t-il. Le système de fi xation, surtout, a été spécifi quement développé pour ce projet. En effet, le choix a été fait de fi xer le système F4 directement dans la charpente métallique et non sur le béton de la dalle. Les formes et les dimensionnements des platines de fi xation ont été réalisées sur mesure. « Quand sur un chantier traditionnel, on compte trois formes de platines différentes, ici on en retrouve plus de dix », explique Harold Hugonenc. Pour la première fois également, un confi gurateur développé par Saint Gobain et le CSTB pour précalpiner la façade, a été utilisé. Son principe ? L’architecte fait son plan, ressaisi en 3D. La façade y est intégrée. Le document sort en 2D à destination de l’entreprise de façade qui peut ainsi faire son exécution à partir d’un plan existant. De quoi faire gagner du temps : 70 % des pièces confi gurées n’ont pas été modifi ées lors de la mise en oeuvre.

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Opportunité

Pour l’architecte, le développement de ce type de surélévation ou d’extension en structure métallique ne fait pas de doute. « Avec le cout élevé de la charge foncière, il est certain que la construction métallique, surtout dans les zones urbaines denses, aura de belles opportunités dans les mois et les années à venir », explique-t-il. Outre la performance énergétique, cette solution répond à d’autres exigences non négligeables telles que la capacité à recycler les matériaux, la réduction du trafi c sur le chantier, des moyens de levage plus réduits qu’en maçonnerie traditionnelle… Enfi n, il y a le coût. Il est question de 2 200 euros/m2 pour cette surélévation alors que le prix du m2 à Montreuil avoisine pour ce type de logements neufs les 6 000 euros. De plus, la réduction de l’épaisseur permet un gain de surface non négligeable pour le promoteur et les possibilités de décor architectural du bardage sont très variées. Une condition toutefois : selon les architectes Etienne Lebrun et René Deleval, il est indispensable d’assurer un macro lot commun charpente, façade et étanchéité. « Quitte à recourir à de la sous-traitance, il faut impérativement qu’il n’y ait qu’un interlocuteur et que la coordination technique et opérationnelle d’exécution soit parfaitement assurée entre ces trois corps d’état. En construction sèche, avec l’impératif de BBC ou de Bepos, le pilote d’un tel chantier complexe est déterminant dans la conduite du chantier, le respect des délais et la réussite du projet ».