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Entretien avec Florian Vaujany, responsable de l'activité de conseil aux copropriétés au sein de l'Agence Parisienne du Climat.

La rénovation énergétique des copropriétés peine à se généraliser. Difficulté de la prise de décision, coûts, incertitude quant à leur efficacité… L'ITE notamment en est pénalisée. Plusieurs outils sont mis à disposition des copropriétaires pour inverser la tendance.

Bardage.Info L'engagement des copropriétés dans une démarche de rénovation énergétique de leur immeuble se heurte à de nombreux obstacles. Quels sont-ils ?

Florian Vaujany Le sujet est en effet difficile à aborder au sein des copropriétés notamment lorsqu'il s'agit de rénovation lourde comme une isolation thermique par l'extérieur ou un changement des fenêtres. Le coût est logiquement un frein important. La gouvernance l'est également. Une copropriété est un maître d'ouvrage non professionnel. Ses membres sont mal informés, ne défendent pas toujours les mêmes intérêts, notamment s'ils sont occupants ou bailleurs. Ils ne disposent pas des mêmes ressources financières, n'ont pas les mêmes priorités d'intervention… Bref, les prises de décision peuvent être compliquées. L'implication et la motivation d'éléments moteurs, comme le syndic ou le référent énergie du conseil syndical, est souvent déterminante.

B.I. Quels arguments avancent-ils pour convaincre ?

F.V. La maîtrise des charges tout d'abord. L'amélioration du confort ensuite. Mais pour remporter leur adhésion et vu l'investissement qu'ils s'apprêtent à consentir, les copropriétaires ont besoin d'être rassurés quant à la garantie de l'amélioration des performances énergétiques après travaux et les qualités et les compétences des professionnels amenés à intervenir. Ils manquent également d'informations sur les différentes aides auxquelles ils peuvent prétendre.

B.I. Vers qui peuvent-ils se tourner pour répondre à ces questions ?

F.V. Animés par l'Agence parisienne du climat (APC), la plateforme Internet www.coachcopro.com et les points « rénovation info service » répartis sur tout le territoire ont été mis en place par l'État et les collectivités dans cet objectif. Les copropriétés ont ainsi accès aux informations sur les différentes étapes du projet, le choix des travaux, la réglementation, la qualification des professionnels… Localement, des initiatives complémentaires ont été lancées. À Paris, par exemple, la municipalité propose le programme « Éco-rénovons Paris ». Les copropriétés sont invitées à déposer un projet de rénovation énergétique de leur l'immeuble. S'il y est retenu, elles bénéficient alors d'un accompagnement personnalisé et gratuit par des conseillers spécialisés aussi bien sur l'approche technique, la mise en place d'audit, l'éligibilité aux aides financières… L'objectif est d'accompagner mille copropriétés d'ici à 2020.

B.I. Les copropriétés sont-elles au rendez-vous ?

F.V. Les sollicitations sont plus nombreuses depuis deux ans mais il est difficile de donner des chiffres car les projets n'aboutissement pas toujours. Ce sera l'objet de la création d'un observatoire métropolitain sur la rénovation énergétique en copropriété. Outre les précisions sur les aides financières, les copropriétés apprécient particulièrement le service de conseils et d'accompagnement personnalisé tout au long du projet.

B.I. Que comprend ce service ?

F.V. Il intervient généralement en amont du projet, lorsque la dynamique se met en place. Nous conseillons alors aux copropriétés de réaliser un audit global de leur bien. L'analyse portera sur la performance thermique mais aussi sur la protection patrimoniale, les contraintes techniques, la gestion des réseaux d'eau, les possibilités de surélévation… Le document représente alors la première pierre de la phase de conception du projet à partir duquel la copropriété peut réfléchir à son programme de travaux avant de solliciter un maître d'œuvre.

B.I. Faites-vous des recommandations sur les travaux à entreprendre, notamment sur l'isolation par l'extérieur des façades ?

F.V. Il ne s'agit pas de préconiser mais de contredire les idées reçues. La rénovation de façade avec mise en œuvre d'une ITE peut pâtir de l'autocensure pratiquée par les copropriétés. Le cas se présente souvent lorsque les façades sur rue sont haussmanniennes comme à Paris ou présentent une esthétique particulière. Pourtant des solutions peuvent être envisagées, comme par exemple l'isolation des façades sur cour. C'est pourquoi nous abordons systématiquement la problématique car les copropriétés peuvent avoir une méconnaissance de ce sujet, alors qu'il constitue une solution efficace d'amélioration des performances énergétiques. Nous les incitons également à aller se renseigner auprès du service de l'urbanisme de la commune qui les informera sur les contraintes et les possibilités en la matière.

B.I. Reste la question des aides financières et du financement du projet…

F.V. Ce sont des questions récurrentes. En matière d'aides, les copropriétés peuvent prétendre au crédit d'impôt transition énergétique (CITE), à la TVA réduite à 5,5 % et au certificat d'économie d'énergie (CEE). D'autres subventions sont conditionnées par les ressources. C'est le cas de celles proposées par l'Agence nationale de l'habitat (ANAH). Si une certaine proportion de copropriétaires est éligible, la copropriété peut également y prétendre. Des aides locales existent également. Ainsi, le programme « Éco-rénovons Paris » propose un coup de pouce financier à partir du moment où les travaux visent une réduction d'au moins 15 % des consommations énergétiques. Ces aides augmentent ensuite par palier, tous les 10 % de gains énergétiques.

Bien que cumulables, ces aides ne peuvent pas payer l'intégralité des travaux. Mais là encore des solutions existent pour faciliter le financement, la principale étant l'éco-prêt à taux zéro.