img-bi-24-res-lemans.jpg (c) Smac
La forme des cassettes métalliques rapportées sur le bardage triple peau reproduit une géométrie en structure anéchoïque.
Établissement d’excellence, le nouveau centre de recherches dédié au son et aux matériaux a ouvert ses portes dans la capitale sarthoise. Pour l’accueillir, ses bâtiments devaient être tout aussi performants.

Faire du Mans la capitale internationale du son et de l’acoustique : c’est l’objectif de la Région des Pays de la Loire et de Mans métropole, partenaires du projet de septième Technocampus de la région. Installé sur le site du campus universitaire, il est constitué de quatre bâtiments métalliques, certains existants, d’autres neufs. Ils accueillent chercheurs, ingénieurs et industriels dont l’objet des études tournera autour du son, de sa propagation, de son contrôle, de sa transmission mais aussi de ses effets sur les matériaux. Ce pôle de recherches public-privé réunit notamment certaines activités du Laboratoire d’acoustique de l’Université du Mans (LAUM) et de l’Institut des molécules et matériaux du Mans (IMMM) ainsi que le Centre de transfert de technologie du Mans (CTTM), l’Institut de recherche technologique Jules Verne et le pôle de compétitivité ID4CAR dédié à la filière industrielle automobile. Ils occupent désormais 1 300 m² d’espaces tertiaires et 1 850 m² de halles technologiques (conçus par l’agence ARS-Architectes Urbanistes) aux équipements de pointe. On y retrouve par exemple, une plateforme 3DVIB, vibromètre laser 3D robotisé qui permet d’étudier les vibrations d’équipements industriels de grande taille (pâles d’hydroliennes, ailes d’avion…) ou un banc aéroacoustique, inspiré de la Nasa et presque unique au monde, dédié à l’analyse de l’acoustique en conditions extrêmes.

Structure anéchoïque

Un matériel ultra-perfectionné qui nécessite, on s’en doute, des conditions d’utilisation adaptées en matière d’acoustique, fil rouge de la conception de l’ouvrage. Parmi les points clés : le traitement des façades qui, de l’intérieur jusqu’à l’extérieur, s’isolent du bruit. Côté boulevard, visibles par les automobilistes et les usagers du tramway, « les parements extérieurs en cassettes en aluminium composite reproduisent une géométrie en structure anéchoïque, comme dans la chambre sourde des halles de recherches. Il permet à chacun, même les non spécialistes, d’identifier immédiatement la fonction de l’ouvrage », explique Eric Saillard, concepteur du projet. Plusieurs prototypes ont été réalisés afin de définir le juste pliage pour façonner des parements d’un seul tenant, avec le minimum de joints. « Ils ont été calibrés en fonction des hauteurs d’allèges.»

Derrière, ce sont 1 000 m² de bardage non pas double mais triple peau qui ont été mis en œuvre par l’agence Centre-Maine de l’entreprise Smac. « Un premier plateau plein est rapporté sur la charpente métallique. Une épaisseur de 90 mm d’isolant en laine de verre s’insère dans ses lèvres sur lesquelles sont également fixées, par-dessus, une membrane d’étanchéité à l’air et deux couches de 60 et 120 mm d’isolant en laine de verre thermo-acoustique. La pose d’une peau métallique intermédiaire permet le liaisonnement d’une ossature support des cassettes », décrit François Paradis, cadre travaux de l’entreprise de bardage.

280 mm d’épaisseur

De l’autre côté de l’ensemble, sur près de 3 000 m² invisibles de la rue, le procédé mis en œuvre va encore plus loin. « Le plateau de bardage est ici perforé, avec, dans ses ondes, un isolant de 50 mm d’épaisseur en laine de verre. » Vient ensuite une tôle 10/10e support d’une nouvelle épaisseur de 120 mm d’isolant minéral. « Le parement extérieur est rapporté sur une ossature horizontale via des Z. Au total le procédé affiche 280 mm d’épaisseur pour apporter la masse nécessaire à une bonne isolation acoustique », souligne François Paradis. Car à l’intérieur se trouvent les halles technologiques et leurs fameuses machines, tandis que sur le boulevard, on retrouve plutôt les bureaux.

Pour mettre en œuvre ces surfaces de procédés multicouches, « nous intervenions parfois dix fois au même endroit ! » Pour faciliter ces opérations, le dimensionnement architectural de 2x1 m et 1x1 m des cassettes a imposé un calepinage et une mise en œuvre précis des menuiseries extérieures, les cassettes n’étant pas modifiables sur chantier. « Elles étaient mises en œuvre au fur et à mesure de l’avancement du chantier car, avec leurs 40 cm de profondeur, elles étaient difficiles à stocker. » Les travaux se sont achevés en mars 2023 après 14 mois d’intervention. 

 

Les intervenants

Maître d’ouvrage : SAS Acoustinov

Maître d’ouvrage délégué : Solutions & Co et Cénovia

Architectes : ARS Architectes Urbanistes

Entreprise de bardage : Smac (agence Centre-Maine)

Façonneur Elval Colour : Espagne

Les produits

Isolant : Isover

Parement métallique : ArcelorMittal Construction France

Cassettes aluminium composite : Etalbond