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Entretien avec Sébastien Delmas, responsable technique de l’association Effinergie.

Avec les lancements des certifications Effinergie + et Bepos, l’association Effinergie, déjà à l’origine du label BBC, pousse les bâtiments à toujours plus de performance énergétique. Une démarche qui passe aussi par l’accompagnement des professionnels.

Pouvez-vous nous présenter l’association Effinergie ?

Sébastien Delmas Effinergie a été créée en 2006, soit un an avant le lancement du Grenelle de l’environnement, à l’initiative de plusieurs acteurs du monde de la construction (centres de recherche, banques, industriels…). Ils se sont associés afin d’impulser une dynamique forte de performance énergétique dans le secteur du bâtiment à travers trois principaux axes de travail : un réseau d’échanges et de partage entre les différents professionnels du secteur, la définition et le développement de labels et la mise en place d’outils pédagogiques et d’accompagnement autour de ces référentiels (formation, guides, fiches techniques…).

Pour les bâtiments neufs, cela s’est traduit, dès 2007, par le lancement du label BBC-Effinergie dont les exigences ont inspiré la Réglementation thermique 2012. Cette dernière entrée en application, nous avons revu à la hausse nos ambitions en créant le label Effinergie + en 2012. Il impose des performances supérieures de 20 % par rapport à la RT actuelle. Et depuis 2013, les ouvrages qui compensent leurs consommations par de la production locale d’énergies renouvelables tout en respectant les critères Effinergie + peuvent revendiquer la certification Bepos. Pour la rénovation, le label Effinergie-rénovation est en vigueur depuis 2009.

B.I. Quel succès rencontrent les labels Effinergie + et Bepos ?

S.D. Effinergie + démarre bien. Depuis son lancement, plus de 23 500 logements, soit 
513 opérations, ont déposé une demande de labellisation, principalement des logements collectifs. Pour Bepos, la dynamique est plus timide car la production d’énergie renouvelable suppose un investissement financier supplémentaire qui peut dissuader les maîtres d’ouvrage.

B.I. Comment définit-on les exigences d’un label énergétique ?

S.D. Elles sont définies à partir des Réglementations thermiques en vigueur, soit la RT 2005 pour le BBC et la RT 2012 pour Effinergie + et Bepos. Pour évaluer des niveaux d’exigences qui soient à la fois supérieurs à la réglementation et réalistes, nous identifions des projets dont les caractéristiques de performance énergétique vont au-delà des obligations imposées par la RT. Des simulations permettent ensuite de valider si ces programmes ont vocation à rester dans le domaine de l’expérimentation ou si le modèle peut être généralisé. L’objectif étant de valoriser les projets exemplaires pour faire progresser la question énergétique dans le bâtiment. La problématique financière rentre évidemment également en compte.

B.I. Comment cela se traduit-il en matière de dispositions constructives ?

S.D. Entre les labels BBC et Effinergie +, il n’y a pas de ruptures technologiques majeures. Nous avons constaté une légère augmentation des épaisseurs d’isolant et donc de leur résistance thermique. Ainsi, si pour le BBC, pour les murs, le R avoisine les 4 m².K/W, pour Effinergie +, il approche plus généralement 4,5 m².K/W, qu’il s’agisse d’isolation thermique par l’extérieur (ITE) ou par l’intérieur (ITI). Le choix des équipements doit, quant à lui, se porter sur les ­meilleures technologies disponibles.

B.I. Les nouveaux labels représentent-ils une opportunité pour le développement de l’ITE ?

S.D. Cela dépend de la typologie de l’ouvrage. En maison individuelle, l’isolation thermique par l’intérieur (ITI) reste largement majoritaire. En logements collectifs, environ 30 % des systèmes d’isolation sont posés par l’extérieur. Finalement, ces chiffres ne sont pas très différents de ceux du BBC. Le choix du procédé n’a pas d’impact direct sur le niveau de résistance de l’enveloppe. De plus, avec la RT 2012, les calculs de performance appréhendent le bâtiment dans sa globalité et plus poste par poste comme c’était le cas pour la RT 2005. Par conséquent, il n’y a plus d’exigence de moyens. Seule exception : l’obligation de traitement des ponts thermiques linéaires.