Les chiffres sont sans équivoque. Pour atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050, il faudra que 80 à 90 % du parc de logements soient classés A ou B, contre… 6 % aujourd’hui. Et il faudra que le reste soit en C. Une ambition qui paraît pour l’heure hors d’atteinte. La tentative du gouvernement Borne d’imposer le DPE et la rénovation globale des passoires thermiques s’est soldée par une marche arrière en mars dernier, et la mise en place de la réforme au 1er janvier prochain paraît compromise. « Si elle est bien engagée chez les bailleurs sociaux (qui représentent 95 % des rénovations BBC), la dynamique est en revanche embryonnaire sur l’habitat privé. Seuls 8 000 maisons individuelles et 12 411 logements en copropriété (sur les 27 millions de résidences principales construites avant la RT 2012) ont obtenu le label BBC-Rénovation », relève l’Ademe.
Les travaux dans l’ordre
Dans cette note, l’Ademe remet par ailleurs les différents types de travaux en perspective. La priorité, c’est bien l’isolation, rappelle-t-elle, avec la ventilation indispensable et, dans un second temps, de décarboner la production de chaleur.
Néanmoins, « Certains bâtiments sont particulièrement complexes à isoler, écrit l’Ademe. Pour ces bâtiments, l’atteinte de la classe A ou B peut être simplifiée en ayant recours massivement aux énergies renouvelables les plus performantes (solaire, géothermie) ainsi qu’aux réseaux de chaleur décarbonée. » De même, elle souligne la nécessité de faire entrer l’adaptation au changement climatique dans la rénovation globale, notamment pour le confort d’été.
Des méthodes à approfondir
Isolation, ventilation, pompes à chaleur : les solutions existent. L’Ademe le souligne : le défi n’est pas essentiellement technique. Garantir la performance, accompagner les ménages, contrôler la qualité, former les professionnels, adapter les offres aux capacités de financement des ménages… : toutes ces questions constituent des freins bien plus grands que les produits et les équipements, globalement disponibles. L’Ademe appelle à une montée en puissance des obligations, pourquoi pas jusqu’à l’imposition de travaux lors des mutations immobilières, dans le cadre d’une programmation pluriannuelle qui donne de la visibilité aux acteurs. Si le nombre d’emplois doit être doublé d’ici 2030, le financement (public et privé) doit l’être lui aussi, de 20 Md€ en 2021 à environ 40 Md€ en 2030. « Les volumes d’investissement nécessaires imposent de réfléchir à la répartition entre financements publics et privés. Il serait nécessaire de mieux calibrer ce qui, dans les volumes d’investissements à prévoir, relève des aides publiques (en incitations directes via des subventions directes ou indirectes via des prêts bonifiés), des fonds propres des ménages ou de leur contribution via l’endettement, ou encore de fonds privés par des investisseurs tiers. » Eco-prêt et sociétés de tiers-financement demeurent largement sous-utilisés, et le secteur bancaire trop peu impliqué.