Entretien avec Anne Lévy, architecte DPLG au sein de l’agence Anne Lévy Architecture, Design Urbanisme.

Depuis plus de 20 ans, l’architecte Anne Lévy utilise le bardage comme support d’un langage architectural, avec comme objectif d’exprimer et de transmettre. Elle explique à Bardage.Info sa vision de l’enveloppe du bâtiment.

Quelle est la place du bardage dans votre travail ?

Anne Lévy Je n’ai jamais conçu de bâtiment sans bardage. Il y a plus de 20 ans, mon tout premier ouvrage intégrait déjà un système de parements rapportés en aluminium avec isolation thermique par l’extérieur. Il s’agissait d’un centre de recherches en physique des particules situé sur le parc technologique de Marseille Luminy. Pourtant, le directeur de l’établissement aurait souhaité un bâtiment de type provençal avec toiture en tuile. Contre toute attente, j’ai gagné le concours en proposant un bâtiment fuselé avec une façade métallique se retournant en toiture. L’objectif était de faire écho aux activités de haute technologie du site. Aujourd’hui, ce bâtiment très dynamique leur sert encore d’image de marque.

Pourquoi ce choix systématique du bardage ?

Je suis spécialisée dans la construction publique et industrielle. Pour moi, l’enveloppe d’un bâtiment doit être en lien direct avec ses activités et le bardage autorise ce parti pris. La diversité des matériaux présents sur le marché permet d’appuyer le vocabulaire architectural du concepteur. C’est un mode d’expression qui me convient parfaitement. Je considère que la façade doit délivrer un message car les clients peuvent ainsi s’identifier à l’ouvrage. Par exemple, je travaille actuellement sur les chantiers navals de la Ciotat. Il s’agit de la réhabilitation de l’annexe de la Nef A, destinée à accueillir des entreprises tertiaires et des ateliers en lien avec le nautisme. Le bardage en panneaux stratifiés est ici support signalétique, avec un texte de 80 m de long pour 8 m de haut. L’enveloppe parle et s’anime en fonction des occupations et des heures de la journée et de l’ensoleillement, par le biais de ses volets coulissants perforés s’effaçant dans l’épaisseur de la façade.

Selon les typologies de bâtiment, avez-vous des matériaux phares ?

Je n’ai pas d’idée préconçue en la matière. Bien sûr, pour un bâtiment industriel de grandes dimensions, j’aurais tendance à privilégier le métal. Mais le bardage permet aussi les audaces. Comme ce bâtiment, construit pour l’armée, doté d’un bardage en bois, matériau rare pour un tel maître d’ouvrage à qui l’on propose souvent des ouvrages métalliques de type furtif. Ce traitement de l’enveloppe a été apprécié par les usagers du bâtiment car il renvoie une image différente de leur activité. Enfin, le bardage ouvre des perspectives. Il permet d’aller plus loin que le seul traitement des parois verticales. L’intégralité d’un ouvrage peut être ainsi enveloppé, quelle que soit la nature des parements mis en œuvre. Une cinquième façade est ainsi créée.