Sans-titre-2.jpg Le bardage en stratifié compact HPL est composé de panneaux découpés aléatoirement et déclinés en trois couleurs.
L’architecture du nouvel établissement scolaire suit le relief irrégulier du site et répond à son environnement. Minérales ou d’inspiration végétale selon leur orientation, les façades participent également à l’intégration de l’ouvrage sur le site.

Livré en 2015 après 19 mois de travaux, le nouveau collège Gustave Monod de Vitry-sur-Seine (94) est édifié au sein d’un environnement hétéroclite et contraignant : encadré au nord par la vallée de la Seine et au sud par une zone pavillonnaire, le terrain est en pente et un point d’eau y prend sa source. « Le bâtiment épouse les courbes de niveau du coteau, souligne l’architecte Monique Labbé, maître d’œuvre du projet. Le long de la rue, les façades discrètes alignent leur hauteur sur celle des pavillons tandis que sur la cour et le jardin, elles s’élèvent sur trois niveaux adaptés aux 13 m de dénivelé. »
Avec plus de 9 000 m² et un gros œuvre en béton, l’établissement est important. Sa capacité d’accueil avoisine les 600 élèves. Il compte 33 salles de cours, un espace de restauration de 250 places, un gymnase intérieur de 800 m², un plateau sportif de 2 440 m² installé en toiture et une salle polyvalente. L’ensemble s’articule autour d’un vaste hall traversant, simplifiant et fluidifiant la circulation des élèves. « La vie scolaire est l’élément central de l’ouvrage, explique l’architecte. C’est pourquoi nous avons également regroupé en rez-de-chaussée les espaces significatifs des projets pédagogiques, tels que le CDI. » Ils sont matérialisés par des volumes en excroissance vers l’extérieur qui forment des boîtes dont les façades ont été traitées de manière à être aisément identifiables et à rappeler la vallée qui leur fait face. Parées d’un bardage rapporté en panneaux stratifié compact HPL de formes aléatoires et déclinés en trois couleurs (noire, jaune et acajou), ces façades filent la métaphore de l’eau et des terrains qu’elle modèle en s’écoulant, tout en répondant à l’environnement végétal du site.

Les parements ont été découpés sur chantier panneau par panneau à la manière d’un puzzle pour optimiser les chutes. 

PuzzleLes panneaux ont été découpés sur chantier par Soprema Entreprises, en charge du lot. Les compagnons ont suivi les dessins de l’architecte, « réalisés parement par parement comme un puzzle afin d’optimiser les chutes », précise Monique Labbé. Certaines adaptations au calepinage d’origine ont été réalisées en collaboration avec l’entreprise, afin de supprimer d’éventuels angles trop aigus et donc difficiles voire impossibles à mettre en oeuvre. Une fois façonnés, les parements ont été intégrés à un procédé de bardage rapporté composé d’une ossature primaire verticale métallique et d’un double lit d’isolant en laine de verre (épaisseur totale : 240 mm). « L’ossature secondaire destinée à recevoir les panneaux suit grosso-modo la découpe des parements, c’est-à-dire que les profils sont souvent fixés de biais », précise Emmanuel Alvès Dos Santos, conducteur de travaux pour Soprema Entreprises.

Clins

Le reste des façades orientées au nord est habillé d’un bardage en clins bois, renforçant ainsi la référence au panorama naturel de la vallée de la Seine. Les joints creux irréguliers entre les lames rythment l’ensemble. Le complexe mis en œuvre reste, quant à lui, traditionnel avec un système de pattes et de tasseaux supportant les deux couches d’isolant et le pare-pluie. Les clins viennent se fixer sur un second réseau d’ossatures bois.

Côté sud, l’aspect minéral a été privilégié pour se rapprocher visuellement de la zone pavillonnaire à laquelle il fait face. Le béton a ici été simplement peint et lazuré ocre.

Ce traitement des façades participe à la démarche globale de préservation du site qui va au-delà de l’aspect visuel. En effet, en raison de la présence de la source, les eaux souterraines sont abondantes. Leur circulation et leur gestion sont assurées par des espaces en pleine terre. Au sein même du collège, le cheminement de l’eau sous le bâtiment est matérialisé par un marquage au sol, jusqu’à son rejaillissement à l’air libre. En outre, les fouilles archéologiques préalables à la mise en chantier ont révélé les vestiges de présences humaines datant de 3 000 ans avant JC, mais aussi de l’époque médiévale et du 17e siècle. Un patrimoine historique dont les élèves bénéficient au quotidien car les éléments de l’aqueduc découverts sont conservés dans leur fonction devant le bâtiment.