Sans-titre-1.gif
Concevoir un bâtiment bioclimatique et à haute performance énergétique nécessite la mise en œuvre de dispositions constructives applicables à la fois au bâti et aux équipements. Si la conception de l’ouvrage doit être considérée dans cette globalité, le prérequis reste avant tout le travail sur l’enveloppe et notamment son isolation.

Vous êtes spécialisé dans la conception de bâtiments à haute performance énergétique. Quel est le poste à privilégier pour atteindre les exigences imposées par les labels ?

La limitation des déperditions énergétiques d’un ouvrage passe avant tout par le traitement de son enveloppe. L’isolation thermique des façades et de la toiture ainsi que le traitement de l’étanchéité à l’air sont les priorités. D’autant plus que ces dépenses ne sont faites qu’une fois pour toutes. Le recours à la technologie n’intervient que dans un deuxième temps. Par exemple, nous avons conçu un immeuble de logements passifs rue Saint-Lambert dans le 15e arrondissement de Paris. Pour limiter les ponts thermiques linéiques de plancher, nous avons fait le choix d’une surisolation thermique par l’extérieur avec deux couches croisées de 10 cm d’épaisseur de laine de roche, pour atteindre une consommation d’énergie primaire de 40 kWhep/m2.an. Cette forte isolation joue évidemment un rôle en hiver mais aussi en période chaude et participe activement au confort d’été.

De quelle manière avez-vous traité l’étanchéité à l’air ?

Nous avons travaillé sur les menuiseries. Les fenêtres sont à triple vitrage avec joints extérieur et intérieur. Les tests de perméabilité ont abouti à un résultat de 0,4 m3/h.m2, bien meilleur que la valeur imposée par la RT 2012 qui est de 1 m3/h.m2 pour les logements collectifs.

Quel rôle joue le bardage ?

Il procure à l’ouvrage sa signature architecturale tout en l’intégrant dans son environnement. Mais derrière ses qualités esthétiques, il répond également à des enjeux économiques et réglementaires. Contrairement à l’enduit, le bardage bénéficie d’une tenue dans le temps qui limite considérablement les opérations d’entretien. Il est généralement résistant aux chocs et les effets de la pollution sont moins visibles. Si le coût initial est plus élevé, qu’il s’agisse des matériaux ou de la mise en œuvre – qui doit être irréprochable –  il devient rentable sur la durée. De plus, dans le cas de logements collectifs, certains produits classés M0 permettent de répondre efficacement aux exigences relatives à la protection incendie. C’est notamment le cas sur cet immeuble du 15e arrondissement. Les panneaux composites aluminium rapportés en façade sont pourvus d’un noyau minéral haute densité de 3 mm. Ce matériau de construction a été prouvé ininflammable et dégage peu de chaleur lorsqu’il entre en combustion.

Cet immeuble est passif. Pourquoi ne pas avoir été jusqu’à atteindre les exigences des bâtiments à énergie positive ?

Les exigences du BEPOS sont difficiles à atteindre et coûtent cher. En ville, peu de bâtiments disposent de mètres carrés inexploités sur lesquels peuvent être installés, par exemple, des panneaux photovoltaïques. Selon où l’on place les priorités, la démarche peut paraître excessive. Pour ma part, je suis partisan d’exploiter ce surcoût autrement que pour la production d’énergie : la récupération des eaux pluviales, la collecte des ordures, la mise en œuvre d’un local vélo… Ces installations sont tout aussi utiles que les équipements de production d’énergie renouvelable. D’ailleurs, même si nous avions eu d’avantage recours au photovoltaïque, nous n’aurions pas atteint les exigences du label. C’est pourquoi nous avons privilégié l’accessibilité de la toiture-terrasse pour gagner en confort et qualité de vie.

La construction de ces logements du 15e arrondissement a été soutenue par l’Ademe au titre de « réalisation exemplaire bioclimatique et énergétique ». Quelles autres dispositions avez-vous prises pour répondre à ces critères ?

P.W. Sur cette petite parcelle de 280 m², nous avons réussi à ériger un bâtiment de 900 m². Il n’y a aucune perte de place. Chaque pièce de l’immeuble dispose d’un éclairage et d’une ventilation naturelle. Le chauffage est assuré par géothermie. Nous avons également un système de récupération des eaux pluviales, de la végétalisation…

Cette conception à la fois bioclimatique et énergétique se répercute-t-elle sur la facture ?

Les consommations énergétiques vont être suivies par l’Ademe pendant trois ans. L’ouvrage n’ayant été livré que l’année dernière, il est encore trop tôt pour évaluer les gains en la matière. En revanche, il est clair qu’au quotidien, les occupants chauffent moins l’hiver et n’étouffent pas l’été, surtout lors des fortes chaleurs comme ça a été le cas fin août.