En début d’année, la filière forêt-bois a montré front commun dans le cadre de la préparation de la SFEC (stratégie française énergie climat) de la planification écologique. Pour engager le dialogue avec les pouvoirs publics, l’interprofession nationale de la forêt et du bois France Bois Forêt, le Comité professionnel de développement des industries françaises de l'ameublement et du bois Codifab, et l’Union française des industries des cartons, papiers et celluloses Copacel ont mandaté le cabinet Carbone 4 pour établir un scénario carbone aux horizons 2030 et 2050.

Cet outil évolutif accompagnera la filière dans les années à venir, démontre le rôle important de la forêt et des produits issus du bois dans la lutte contre le changement climatique. L’enjeu est de séquestrer et stocker un maximum de carbone pour éviter que ce dernier ne soit libéré dans l’atmosphère.

Le diagnostic

Pour réaliser cette étude, Carbone 4 a modélisé les flux de l’ensemble de la chaine de valeur, des émissions induites aux émissions évitées, en passant par les émissions séquestrées. Les scénarios générés par ces calculs établissent que « le puits de carbone forestier diminue sensiblement à court et moyen terme en raison de la mortalité accrue des arbres et semble relativement instable en fonction des survenues de crises ». Le puits de carbone forestier serait donc insuffisant pour satisfaire les objectifs nationaux de la SNBC (stratégie nationale bas-carbone adoptée en 2020). Pour éviter un déstockage massif de carbone, plusieurs mesures sont recommandées, à tous les stades de la filière, de la gestion sylvicole à l’exploitation du bois, en passant par sa transformation (en matériaux de construction, mobilier, pâte à papier, etc.) et sa fin de vie.

Les mesures à prendre

Un premier volet est la gestion forestière avec une surveillance accrue de la santé des massifs et parcelles, des plans de reboisement avec des essences plus diversifiées et plus résistantes aux aléas climatiques, et une plus forte mobilisation des forêts privées. Un deuxième chapitre est l’investissement industriel pour favoriser l’usage de produits bois à longue durée de vie, ou issus du recyclage et du réemploi de la matière. Le scénario encourage également l’adaptation des outils aux bois de moins bonne qualité. La troisième étape est de promouvoir la substitution des produits à fort impact carbone (pétro-sourcés notamment) par des produits bois ou dérivés du bois. Quatrième idée : la valorisation des bois de crise en matériaux en anticipant les dépérissements. Le cinquième chantier (et pas des moindres !) est le changement de comportements des producteurs et des consommateurs pour accroître le recyclage et limiter les tensions sur la récolte. Pour y parvenir, il faut davantage capter, trier et valoriser les produits bois en fin de vie, mais aussi écoconcevoir les productions pour diminuer la quantité de matériau, intégrer de la matière recyclée et faciliter le réemploi. Un dernier sujet est l’autonomie énergétique des unités de transformation en priorisant l’autoconsommation de la biomasse.