Pour les aider à adopter des pratiques plus vertueuses en la matière, le CTICM a développé la démarche Imp'Act A, programme en trois phases. La première relève de l'état des lieux pour évaluer les gaz à effet de serre émis par leurs activités. "Le travail peut être effectué individuellement pour une entreprise ou de manière plus collective", explique Nicolas Pouvreau, délégué général de la MCM. Vient ensuite le temps de l'élaboration d'une feuille de route, définissant les actions pouvant être mises en place. "Plusieurs leviers peuvent être actionnés comme la réduction des consommations d'énergie, la définition d'une politique RSE, les modes d'achat… Avec un pré requis : c'est toute l'entreprise qui doit être impliquée dans les réflexions autour de ces évolutions ", ajoute Philippe Hostalery, président du CTICM. Enfin, place à la mise en œuvre de tout ça, avec le soutien des organisations professionnelles, notamment en termes de suivi et d'accès aux financements. "Cette démarche permet aux entreprises d'intégrer le réemploi des matériaux, notamment l'acier, au cœur de leurs projets", précise Nicolas Pouvreau.
Impact carbone
L'autre grande question autour de la décarbonation de la filière réside dans l'impact carbone des matériaux et produits en acier dans le bilan carbone d'un projet de construction, notamment au regard de la RE2020. Les solutions métalliques sont souvent mal notées dans les calculs imposés, particulièrement si on les compare au bois. Et le fossé devrait encore se creuser en 2028 avec le renforcement des exigences d'ores et déjà prévu. "Nous demandons une remise à plat de la matrice de calcul de l'Analyse du cycle de vie (ACV) dynamique, trop favorable au bois. Avec la méthode actuelle, nos solutions ne passeront bientôt plus et le risque de chute d'activités pour nos entreprises est réel", estime Philippe Hostalery.
Pour la filière métallique une solution pourrait réconcilier tout le monde : la mixité des matériaux, notamment en structure. "Il existe des points de convergence avec les autres modes constructifs disponibles que sont le bois et le béton. Il est nécessaire de les identifier et de travailler ensemble. Cette alternative pourrait permettre de répondre à plusieurs enjeux en même temps : émissions carbone, constance des produits dans le temps, réglementation incendie…", souligne Hervé Gastaud.
Car un constat persiste : "Aujourd'hui, proposer une option "acier bas carbone" dans les réponses aux appels d’offres est rarement suivi d'effet de la part des maîtrises d'ouvrage et maîtrises d'œuvre ", remarque Hervé Gastaud, délégué général de SNMF.
Une chose est sûre : le réemploi des produits de construction en acier est un axe fort des acteurs de la filière. Avec la plateforme metalréemploi.com notamment qui vise à "mettre à disposition des professionnels des produits issus de la déconstruction" et un laboratoire mobile pour tester et qualifier ces produits. "La démarche est en train de se structurer, explique Nicolas Pouvreau, délégué général de la MCM. C'est tout un nouveau marché qui se crée au sein duquel doivent s'impliquer les entreprises bien sûr mais aussi les maîtres d'ouvrage, les démolisseurs…"