Côté avenue, la façade du gymnase donne le ton au quartier avec une façade en soufflet atypique.
Dans le quartier Hautepierre à Strasbourg, en plein renouvellement urbain, d’un côté borde l’avenue Pierre Corneille récemment réaménagée. De l’autre s’élèvent des tours de logements collectifs. Entre les deux, le nouveau gymnase poly-valent Jacqueline. Cette double configuration, à la fois ouverte sur la rue et enclavée dans une zone bâtie, a été exploitée par l’architecte Michel Girold, concepteur du projet, pour offrir au bâtiment deux échelles de lecture. Selon l’environnement auquel il renvoie, le jeu de façades change radicalement.
Façade monumentale
Au sud, vers l’avenue, « l’enveloppe en panneaux stratifiés aux tons rouges prend la forme d’un souf-flet monumental, explique Michel Girold. Ses arêtes très nettes suivent la pente de la toiture sur toute la longueur de l’ouvrage. » Une écriture architecturale qui fait écho au zénith voisin dessiné par Massi-miliano Fuksas. « L’entrée du quartier, visible de la nouvelle avenue Pierre Corneille, est ainsi clairement identifiable », poursuit l’architecte. Au nord, le parti pris est inverse. « Le bardage cintré en zinc patiné encadrant les portes du gymnase se veut simple et accueillant face aux grands ensembles qui l’encadrent. Nous avons voulu créer une relation de proximité avec les habitants du quartier en utilisant un matériau tra-ditionnel. »
© Michel Girold
La membrane pare-air offre au bâtiment ses performances en matière d’étanchéité à l’air.
En partie haute, des panneaux de poly-carbonate font entrer la lumière dans les lieux. Ces niveaux de complexité font le grand écart dans le dessin mais également dans la technicité de mise en œuvre. « Les bardages en zinc et en aluminium (que l’on retrouve en partie haute de la façade nord) sont de conception classique sur support en béton, souligne Nicolas Fluck, conducteur de travaux de l’agence de Strasbourg de Soprema Entreprises en charge du lot. De même, la pose des panneaux de po-lycarbonate à rupture de ponts thermiques sur char-pente métallique n’a pas nécessité non plus d’adapta-tion particulière. » À l’inverse, le dessin de la façade sud a nécessité un travail de conception et de mise en œuvre plus délicat.
1 300 m² de toiture acoustique avec étanchéité à l’air
En toiture, le complexe sur élément porteur en bac acier perforé comprend un pare-vapeur acoustique et une première couche d’isolant de 90 mm qui font office d’absorbant acoustique. Ils sont associés à une membrane d’étanchéité intermédiaire. Cette feuille est raccordée avec le pare-air de la façade afin de garantir une étanchéité à l’air continue de l’enveloppe. Deux lits d’isolant en laine de roche de 100 mm d’épaisseur chacun ainsi qu’une étanchéité bicouche élastomère viennent compléter le système.
« Bardage double peau, cette façade concentrait deux exigences techniques distinctes, ajoute le conducteur de travaux. Le respect de sa forme bien sûr, mais elle devait également participer aux exigences des bâti-ments passifs, particulièrement en matière d’étan-chéité à l’air. » (voir dossier p. 34). « Nous avons eu recours à une membrane pare-air spécifique en polypropylène soudée à l’air chaud sur l’isolant au droit des recouvrements des lés. » Une solution qui a permis au bâtiment d’afficher un résultat final aux tests d’étanchéité à l’air de 0,28 m3/h.m² (voir encadré).
L’effet de soufflet créé par une série d’arêtes fi-lantes a nécessité d’adapter le complexe classique composé d’un plateau de bardage, d’un isolant en laine de roche de 150 mm d’épaisseur et d’un pa-rement extérieur rapporté sur une ossature secon-daire. « Nous avons collaboré avec le charpentier qui a intégré au système une structure métallique fixée à la charpente en bois à travers l’isolant et le plateau. La longueur de chaque tube correspond aux dimen-sions des plis dessinés par l’architecte. » Une ossature secondaire y est vissée perpendiculairement. Ré-glable, cette dernière a permis de rattraper les to-lérances des charpentes et des menuiseries. Quant aux panneaux stratifiés, avant fixation, ils ont subi en moyenne deux découpes supplémentaires sur chantier pour leur donner une forme trapézoï-dale. Le tout pour garantir un alignement précis des parements et une régularité des joints ouverts (4 mm). Au final, près de 60 mètres linéaires ont ainsi été réalisés.
Étanchéité à l’air : le traitement des raccordements
Pour assurer une enveloppe à très haut niveau d’étanchéité, « les raccordements aux menuiseries ainsi qu’à la longrine en partie basse ont été effectués grâce à l’association de mastic et de cornières. Au niveau de la jonction entre la façade et la toiture, nous avons fait se rejoindre le pare-air de façade et un revêtement intermédiaire qui fait partie intégrante du complexe d’étanchéité mis en œuvre sur le toit (voir encadré). » En outre, les traversées de la structure métallique destinées à supporter les profils de l’ossature secondaire ont été traités à la manière de relevés d’étanchéité.