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Conçu comme une ville verticale, le tribunal de Paris, implanté dans le quartier des Batignolles, s'élève à 160 m de haut. Si les façades verrières dominent, 12 000 m2 de bardage aluminium habillent les parois opaques.

160 m de hauteur, 38 niveaux, 120 000 m² de surface de plancher, 49 ascenseurs dont un panoramique… Le tout en trois ans de travaux. Ces dimensions impressionnantes sont celles du nouveau tribunal de Paris qui a ouvert ses portes aux premiers utilisateurs en avril dernier. Localisé dans le nouveau quartier des Batignolles, entre le parc Martin Luther King et le périphérique, il est le fruit d'un partenariat public-privé (PPP) signé entre l'établissement public du Palais de justice de Paris (EPPJP) et Arelia, groupement conduit par Bouygues Bâtiment Île-de-France.

Conçu par l'agence d'architecture Renzo Piano Building Workshop (RPBW), il est le plus haut bâtiment construit dans la capitale depuis plus de 25 ans. À la fois Établissement recevant du public (ERP) et Immeuble de grande hauteur (IGH), il regroupe sur un même site le Tribunal de grande instance (TGI) ainsi que les tribunaux des affaires de sécurité sociale et les tribunaux d'instance d'arrondissements, réunis en une juridiction unique, soit 90 salles d'audience et 1 500 postes de travail. Sans oublier l'immense salle des pas perdus de 5 500 m², les 8 000 m² de toitures-terrasses jardins et leurs 350 arbres plantés et le restaurant administratif.

SOCLE, BASTION, FAILLE ET TAILLE DE GUÊPE

Implanté sur une parcelle à la surface restreinte, le bâtiment joue la verticalité. Il se compose en effet d'éléments superposés. Le « Socle » regroupe les huit premiers niveaux de l'ensemble et supporte les trois blocs de l'IGH. De tailles décroissantes, ils sont séparés par des niveaux en « taille de guêpe » dégageant de l'espace et créant un effet d'élancement vers le haut. « Le « Bastion » est, quant à lui, perpendiculaire au Socle tandis que la « Faille Est » accueille l'ascenseur panoramique qui se déploie du 8e au 38e étage.

 L’entrée des visiteurs est matérialisée sur l’enveloppe par des parements rouge. 

L'expression de la transparence et la sérénité à travers la conception architecturale du site se traduit par la large place attribuée à la lumière naturelle. La grande majorité des façades (50 000 m²) est ainsi composée d'éléments verriers. Les parois opaques, soit 12 000 m², ont, quant à elles, bénéficié d'un bardage nid-d'abeilles aluminium blanc-bleu mis en œuvre par l'entreprise Smac. Une opération complexe qui a nécessité le recours à de nombreux équipements et matériels pour répondre aux problématiques d'accessibilité et de travail en hauteur : nacelles bi-mâts, nacelles ciseaux, grues, échafaudages, tables élévatrices… À ces conditions de travail peu aisées s'est également ajoutée la co-activité. « Par exemple, le traitement de la faille a été réalisée en trois tronçons au fur et à mesure de l'avancée du gros œuvre », souligne Gautier Loaec, ingénieur travaux pour l'entreprise de bardage.

Les parements sont composés de deux feuilles d’aluminium encadrant un nid-d’abeilles dont les pattes de fixation sont rivetées et collées avant d’être agrafées à une ossature métallique.

RÉSISTANCE AU VENT

Le choix des matériaux devait à la fois répondre aux exigences des architectes, qui souhaitaient un panneau parfaitement plan encadré sur ses quatre côtés par des profils décoratifs, et aux contraintes environnementales du site dues au vent particulièrement. « Nous avons eu recours à des panneaux composés de deux feuilles d'aluminium 8/10e enserrant un nid-d'abeilles de 8 mm. Ce procédé n'ayant encore jamais été posé en France, nous l'avons fait valider par une ATEx », explique Gautier Loaec. Le système d'accroche a fait l'objet d'une attention particulière. « Nous avons effectué toute une batterie de tests au CSTB afin de vérifier la résistance du procédé au feu, au vieillissement, à la pollution mais surtout au vent. » Résultat : les pattes de fixation sont à la fois rivetées et collées pour en garantir la tenue. Elles sont ensuite agrafées à une ossature métallique.

En partie courante, le complexe est fixé dans le béton. Il est complété par une isolation thermique par l'extérieur de 150 mm d'épaisseur en laine de verre. « Les six escaliers extérieurs disposent de charpente métallique. Le système y est donc directement liaisonné, sans isolation thermique. 2 200 m² ont ainsi été traités », souligne l'ingénieur. Enfin, tout au long des Failles est et ouest (1000 m²), l'ossature est rapportée sur des panneaux sandwichs avec une âme de 150 mm de laine de roche, fixés entre les dalles des planchers hauts et bas. « Pour réaliser l'ensemble des zones, nous avons créé pas moins de 14 filières spécifiques : trois pour les ossatures porteuses des parements, définies en fonction de la nature du support et le reste pour les profils décoratifs », rappelle Gautier Loaec.

Le nouveau palais de justice de Paris est à la fois un ERP et un IGH.

Rien que pour le bardage opaque, près de 60 compagnons étaient à l'œuvre pendant un an et demi, de février 2016 à juin 2017. Pour l'ensemble des corps d'état, le chiffre s'élève à 1 500 ouvriers. Ce sont aujourd'hui 9 000 personnes qui fréquentent l'établissement chaque jour.