Le 14 juin 2017, la tour Grenfell à Londres prenait feu causant la mort de 72 personnes. Les résultats de l'enquête viennent d'être publiés, conclusions de 300 auditions publiques et 1 600 déclarations de témoin. Pas de cause unique mais de nombreux responsables avec en premier lieu le gouvernement britannique et les entreprises de construction.

Incompétences, négligences malhonnêteté : prononcés par le juge Martin Moore-Bick en charge des investigations, les termes font froid dans le dos car ils signifient bien que la tragédie aurait pu être évitée. En effet, le feu s'est notamment propagé sur 25 étages à une vitesse effrayante en raison du caractère hautement combustible du parement en aluminium et âme polyéthylène mis en œuvre en façade. Le rapport pointe notamment que ni les architectes ni les entreprises de pose n'ont vérifié si oui ou non ces matériaux respectaient les normes de sécurité. Seul le faible coût a motivé leur choix. Les fabricants sont également mis en cause, accusés de "malhonnêteté systématique" pour arranger les résultats des tests de sécurité selon leurs intérêts.

Politique de déréglementation

Mais ils ne sont pas seuls à être pointés du doigt. Le gouvernement britannique n'aurait pas pris en compte les alertes répétées en la matière. Le rapport d'enquête pointe notamment la politique de déréglementation menée depuis des années. La gestion de l'incendie par les pompiers est également vivement critiquée mettant en exergue leur manque de formation et d'équipement de communication.

Si le rapport indique que l'enquête n'a pas trouvé de preuve que ces décisions aient été influencées par des préjugés raciaux, la tragédie est devenue, aux yeux de beaucoup de Britanniques, le symbole des disparités sociales et économiques qui touchent la société. La tour, située à Notting Hill, l'un des quartiers les plus cossus de la capitale, abritait principalement des familles modestes issues de l'immigration. "Ceux qui vivaient dans la tour ont été gravement négligés pendant plusieurs années par de nombreuses personnes et organisations. Tous ont contribué d'une manière ou d'une autre", a déclaré le juge Martin Moore-Bick. Le Premier ministre britannique, Keir Starmer a présenté devant le Parlement des excuses "au nom de l'État. Le pays a manqué à son devoir le plus fondamental : vous protéger, vous et vos proches, les personnes que nous sommes censés servir. Et j'en suis profondément désolé", a-t-il ajouté.

L'incendie est le plus meurtrier jamais survenu sur un bâtiment résidentiel outre-Manche depuis la Seconde Guerre mondiale.