La version 2012 des règles Th-Bât, récemment publiée, intègre de nouvelles valeurs de ponts thermiques pour les bardages. Responsable du pôle expertise au sein du département Enveloppe et revêtements du CSTB (division hygrothermique des ouvrages), Salem Farkh revient sur les principales nouveautés touchant les bardages double peau et rapportés.

Le chapitre consacré aux ponts thermiques intégrés des bardages double peau a été augmenté et mis à jour avec la révision des règles de calcul liées à la RT 2012. En quoi consistent ces apports ?

Salem Farkh Les bardages métalliques double peau étaient déjà traités dans les précédentes règles Th-Bât dans des confi gurations comportant une ou deux couches d’isolation avec présence ou non d’écar-teurs. Désormais, nous avons introduit les valeurs thermiques des systèmes thermiquement améliorés, à savoir ceux intégrant des isolants rainurés. Deux cas ont été étudiés, la solution rainurée seule, protégeant les lèvres de plateaux intérieurs, ainsi que la confi gu-ration en deux couches intégrant un isolant rainuré complété par une seconde couche. Pour ces deux systèmes, les règles présentent des valeurs tabulées de ponts thermiques intégrés ainsi que des valeurs de delta U que les bureaux d’études peuvent directement intégrer au calcul d’un U paroi en partie courante.

Qu’en est-il des ponts thermiques de liaisons qui avaient déjà fait l’objet d’une mise à jour en 2007 ?

À l’époque, nous avions uniquement publié des valeurs sécuritaires pour les ponts thermiques de liaisons les plus courants. Depuis, ces données ont été affi nées et complétées. La précédente édition du fascicule 5 des règles Th-U ne consacrait qu’une seule page aux bardages double peau, la nouvelle en contient huit. Cette version 2012 exploite notam-ment les résultats de calculs générés dans le cadre du projet Acieco, co-fi nancé par l’Ademe et mené conjointement avec le CTICM, le CETE de Lyon et le Leptiab La Rochelle et des représentants des entreprises. Ce travail nous a permis d’aller plus loin dans les hypothèses et de modéliser davantage de variantes et de détails. Par exemple, au niveau des longrines, nous présentons désormais deux confi gu-rations : l’une avec le bardage mis en œuvre au droit de la poutre en béton, l’autre avec le bardage posé devant, le tout calculé avec un système classique et thermiquement amélioré. 

Le projet Acieco visait également à explorer de nouvelles dispositions constructives capables d’amé-liorer les performances thermiques des bâtiments acier. Celles-ci ont-elles été prises en compte dans la nouvelle réglementation ?

Dans ce projet, la collaboration avec les entre-prises était importante pour deux raisons. D’abord, les professionnels nous ont aidés à identifi er la réalité des pratiques de construction sur chantier. Cela nous a permis de mettre en place une base de données de détails existants. Ensuite, nous avons discuté avec eux de la manière d’améliorer les valeurs de ponts thermiques tout en restant dans des confi -gurations classiques sans changement radical dans les méthodes de mise en œuvre. Toutes ces amélio-rations ont été intégrées aux règles Th-Bât 2012.

Peut-on considérer que les valeurs données avec leurs dispositions constructives permettent de répondre aux exigences de la RT 2012 ?

Si on considère un bardage double peau clas-sique avec un isolant simplement inséré dans les plateaux, la dégradation générée par les ponts thermiques peut facilement dépasser les 200 %. Leur impact est alors considérable et supérieur aux ponts thermiques de liaisons. De ce point de vue, les isolants rainurés constituent une rupture forte en terme de performance thermique des bardages double peau en apportant une réponse efficace à ces déperditions ponctuelles. Cependant leur aptitude à l’emploi doit être validée conformément aux règles de l’art et aux Avis techniques. Sans leur utilisation, on resterait à des niveaux inférieurs à la RT 2005. Quant aux transmissions liées aux jonctions entre parois, le projet Acieco a démontré qu’il existait des solutions constructives capables de les traiter en grande partie. En respectant ces bonnes pratiques, on peut considérablement réduire les ponts thermiques jusqu’à des niveaux inférieurs aux exigences règlementaires.

La précédente version des règles Th-Bât ne com-portait aucune valeur de ponts thermiques intégrés pour les bardages rapportés. Des données étaient men-tionnées dans les catalogues de certains fournisseurs ainsi que dans le CPT n° 3194 publié en 2000. Pour autant, dans la pratique, ces éléments ne semblent pas avoir été réellement pris en compte dans les calculs thermiques. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Auparavant, il vrai qu’on ne disposait pas de valeurs tabulées mais la méthode de calcul existait bel et bien depuis la RT 2000. Plusieurs raisons peuvent expliquer que son utilisation ne se soit pas généralisée. La première est sans doute qu’il était trop compliqué et chronophage pour un bureau d’études de se lancer dans des calculs 3D alors que le temps consacré au bilan thermique du bâti-ment entier était déjà réduit. L’autre raison est que le niveau de ces ponts thermiques n’avait pas un impact fondamental au regard des exigences de la RT 2000. Avec le RT 2005 et les renforcements de la RT 2012, il n’est évidemment plus envisageable de passer à côté de ces questions.

Les bardages rapportés sont donc désormais traités dans le fascicule 4 des règles Th-U….

La nouvelle version présente en effet des valeurs pré-calculées pour les systèmes d’isolation ther-mique par l’extérieur, y compris pour les enduits sur isolants. Concernant les bardages, la commission Th-Bât a travaillé sur la base de cas types en fai-sant varier certains paramètres comme l’épaisseur de l’isolation ou la nature des ossatures, bois ou métallique. L’impact de la fixation synthétique de l’isolant a également été évalué. Celui-ci est d’ail-leurs négligeable. Sans surprise, le paramètre le plus influent reste le pont thermique provoqué par les pattes équerres métalliques. C’est pour cette raison que les résultats ont été présentés en fonction des sections transversales de ces fixations. Une quaran-taine de valeurs sont données dans le fascicule 4 pour les systèmes de bardage rapporté.

Globalement, quel est l’impact des ponts thermiques intégrés sur les systèmes rapportés avec isolation thermique par l’extérieur ?

Pour les bardages courants, ventilés avec une lame d’air, la dégradation des performances ther-miques varie entre 20 à 30 %. Certains complexes de bardage peuvent toutefois aboutir à des valeurs supérieures en fonction notamment des charges à supporter qui ont une incidence directe sur la densité et la section des fixations. Nos calculs ont mis en évidence qu’au-delà d’un certain poids de parements, l’augmentation des épaisseurs d’isolant pourrait entrainer une dégradation des perfor-mances thermiques en raison de l’effet de levier généré et de ses conséquences sur le dimension-nement des pattes équerres.

« Sans surprise, le paramètre le plus influent reste le pont thermique provoqué par les pattes équerres métalliques. »

Publication des règles de calcul de la RT 2012

Le CSTB vient de publier la totalité des méthodes de calcul de la RT 2012 dans un classeur réunissant les règles Th-BCE, Th-I, Th-U (composées de 5 fascicules), Th-L ,Th-S et un nouveau document fournissant les valeurs pré-calculées des parois vitrées (U,S et TL). Ce document de 716 pages contient également l’ensemble des textes règlementaires ainsi qu’un chapitre consacré à leur compréhension et leur application. Plus d’infos sur http://boutique.cstb.fr

Les données de ponts thermiques de liaisons associés aux bardages double peau ont été augmentées et mises à jour en reprenant notamment les résultats du projet Acieco.

Désormais, les règles Th-Bât présentent environ quarante valeurs de ponts thermiques intégrés pour les systèmes de bardage rapporté.