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BARDAGE.INFO Comparé aux autres pays européens, comment se situe la France sur le plan de l’utilisation des profils acier dans la construction, notamment pour l’enveloppe ?
Jean -Christophe Kenne l L’Angleterre reste le premier pays européen en termes d’utilisation de l’acier dans la construction aussi bien dans le non résidentiel que dans le logement. La France est dans le premier tiers mais avec un marché très centré sur le non résidentiel. Ainsi la part de marché de l’acier en bardage et couverture est souvent supérieure à 80 % pour les bâtiments industriels, de stockage ou pour les commerces. Malheureusement, les acteurs français résonnent encore trop souvent par filière avec parfois des approches dogmatiques. Le double enjeu posé par la maîtrise des coûts de la construction et des consommations énergétiques va toutefois pousser à un décloisonnement des techniques avec des logiques de systèmes et non plus simplement de produits ou de matériaux. « Les recommandations Rage viendront remplacer les RP sur les bardages en acier » Entretien avec Jean-Christophe Kennel, président du SNPPA. B.C.
B.I. Dans quelle mesure les industriels du profilage, à travers le SNPPA, ont-ils été impactés par l’entrée en vigueur de la RT 2012 ?
JC-K Contrairement à la RT 2005, la nouvelle règlementation ne fixe pas de valeurs garde-fous à respecter. Cela n’a donc plus de sens d’affirmer que tel produit ou tel système est conforme à la RT. Il revient au bureau d’études thermiques de définir le Up à atteindre pour un bâtiment. Toutefois, lorsque la RT 2012 s’est mise en place, nous avons effectué différentes simulations avec le CTICM afin d’évaluer les valeurs de Up qui seraient attendues pour nos parois. Aujourd’hui, nous sommes engagés dans le programme Rage. La performance des parois en partie courante est un des éléments de la RT 2012. La perméabilité à l’air en est une autre mais elle touche davantage les entreprises. En revanche, pour les ponts thermiques de liaison, il subsistait un réel manque avec l’absence de valeurs précalculées. Rage s’est attaqué à ce sujet. Un travail commun a été mené par le CTICM et le SNPPA, avec la collaboration des entreprises. Il a en effet fallu, dans un premier temps, valider les dispositions techniques avant de les modéliser et de calculer les valeurs de ponts thermiques associées. Plusieurs configurations ont été étudiées et notamment les liaisons des bardages avec les fondations, les longrines et les acrotères. Il est probable qu’à l’avenir, ces résultats viennent alimenter les règles Th-Bat.
B.I. Quels sont les recommandations Rage sur lesquelles vous intervenez ?
JC-K Nous participons à l’élaboration de trois recommandations coordonnées par le CTICM. La première vise les bardages en acier et viendra remplacer les règles professionnelles de 1981. Les deux autres concernent la conception et la mise en oeuvre des panneaux sandwichs à deux parements acier avec une âme en polyuréthane pour le bardage et pour la couverture. Au total, ces trois documents représentent pas moins de 600 pages ! Les professionnels trouveront les nouvelles règles de conception et de mise en oeuvre pour améliorer les performances thermiques du bâtiment. Ils trouveront aussi les règles à suivre pour assurer une maintenance adaptée. La qualité de la collaboration entre les adhérents du SNPPA, les entreprises et les contrôleurs techniques a permis de produire en 2 ans un travail qui se réalise normalement en 4 ou 5 ans...
B.I. Quels seront les procédés visés par la nouvelle recommandation sur les bardages en acier ?
JC-K Rage vise des solutions techniques importantes comme les bardages double peau avec écarteurs et plusieurs couches d’isolant, les bardages à peaux multiples, les bardages double peau acoustiques ou encore les bardages rapportés. Certains procédés ou composants restent toutefois sous le champs de l’avis technique. Les référentiels se recoupent et l’utilisateur aura parfois à gérer des allers-retours entre les documents
B.I. Ces travaux peuvent-ils constituer le point de départ d’un DTU « bardages en acier » ?
JC-K C’est un point en discussion. L’écriture de règles professionnelles est en effet plus libre que celle d’un DTU. En dix ans, l’ensemble du référentiel a évolué : la mécanique, la thermique, l’environnement, les règles sismiques, le marquage CE ou encore l’acoustique. Les acteurs de terrain et notamment les contrôleurs, ont rapidement besoin d’un document pratique et complet sur ces sujets. Il est important de donner au marché une véritable synthèse, ce que ne permet pas forcément le langage très codifié des DTU.
B.I. L’élaboration de règles professionnelles pour les lames et les clins est-elle envisagée ?
JC-K Il est encore trop tôt pour en parler. Mais c’est un sujet ouvert en cours de discussion.
B.I. Les référentiels développés dans le cadre de Rage vont-ils profiter au développement de vos marchés ?
JC-K L’un des intérêts de Rage est que l’ensemble des recommandations seront couvertes par les assureurs dès leur publication. Pour nos adhérents, cela va simplifier la justification. C’est le cas, par exemple, pour les bardages horizontaux en acier qui ne figuraient pas dans nos règles professionnelles. Ils seront intégrés au nouveau référentiel. De plus, nous disposons désormais d’un texte sur le dimensionnement de nos enveloppes aux Eurocodes. C’est donc une étape importante pour notre secteur.
B.I. Les recommandations auront-elles des conséquences sur les produits ?
JC-K Avec les Eurocodes, les industriels ont dû se lancer dans une vaste mise à jour de leurs fiches techniques. Cela suppose de mettre en oeuvre des logiciels adaptés et de réaliser les essais qui vont alimenter les calculs. Pour les maîtres d’oeuvre, cela implique également de bien identifier les référentiels qui s’appliquent à leurs projets. On ne peut évidemment pas panacher des NV 65 avec un Eurocode par exemple. Le SNPPA vient d’achever une importante campagne d’essais sismiques afin d’anticiper l’entrée en vigueur de l’Eurocode 8. La totalité de nos familles de produits a été testée. Au 1er janvier 2014, nous serons prêts. Avec l’entrée en vigueur des Eurocodes, on devrait également voir se développer de plus en plus de notes de calculs avec la nécessité, demain, d’une assistance technique plus forte des industriels voire de bureaux d’études «enveloppe» encore trop rares sur nos marchés.
B.I. D’autres évolutions sont-elles à attendre au niveau européen ?
JC-K Nous coordonnons le projet de recherche GRISPE en liaison avec d’autres partenaires européens. Dans ce cadre, nous travaillons sur la perforation des profils, non traitée actuellement par les Eurocodes, sur la prise en compte de plateaux avec des écarteurs tous les deux mètres mais aussi sur les assemblages de profils entre eux ou encore sur les calculs associés aux tôles ondulées, des profils très courants mais qui ne figurent pas encore dans les Eurocodes.
Une plateforme pour évaluer la performance environnementale des projets acier
L’association ConstruirAcier, le CTICM et le SNPPA viennent de mettre en ligne le site save-construction. Cette plateforme internet permet de calculer et de délivrer des profils environnementaux personnalisés de produits et systèmes de construction en acier. Il fournit sous la forme d’un fichier Excel, l’Inventaire de Cycle de Vie (ICV) du produit ou système en acier, calculé à l’aide des paramètres déterminés par l’utilisateur, ainsi que le tableau des impacts environnementaux au format NF P01-010. Le catalogue offre plus de 5 000 combinaisons. Chacune des interfaces du site est dédiée à une gamme de produits ou systèmes. Elles sont groupées par usage : ossature/charpente, façade, couverture/toiture, plancher. Dès 2014, save-construction évoluera pour délivrer également l’ICV au format NF EN 15804. En savoir plus : www.save-construction.com/