Avec RAGE 2012, les performances thermiques des bardages double peau passent au premier plan. © Soprema
Avec RAGE 2012, les performances thermiques des bardages double peau passent au premier plan.
Le programme, destiné à revoir les règles de construction pour améliorer la performance énergétique des bâtiments, a permis de mettre à jour les référentiels de mise en œuvre des bardages double peau. Pour la première fois depuis 33 ans




1981-2014


Pendant plus de trente bardages double peau aura été soumise aux mêmes « Règles professionnelles pour la fabrication et la mise en œuvre des bardages métalliques ». Un document aujourd’hui obsolète au regard de l’évolution des techniques et des matériaux composant ces procédés (voir article p. 30). « Sur le terrain, les professionnels ont pris beaucoup de liberté par rapport au référentiel de 1981. Avec succès d’ailleurs car le taux de sinistra-lité est nul dans le secteur », explique Denis Lehnen, directeur technique de Soprema Entreprises. L’avènement des performances énergétiques des bâtiments au rang de priorité depuis le Grenelle de l’environnement en 2010 ne permet plus de laisser la place aux improvisations, d’autant plus qu’« avec l’acier, la thermique a, pendant longtemps, été secon-daire », précise Denis Lehnen. Ce mode constructif ne pouvait donc pas échapper au programme RAGE 2012 qui « vise à revoir l’ensemble des règles de construction afin de réaliser des économies d’énergies dans le bâti-ment et de réduire les émissions de gaz à effets de serre ». Dans ce cadre, les professionnels, sous l’égide du CTICM*, se sont attelés à la rédaction de recomman-dations professionnelles visant les bardages en acier protégé et en acier inoxydable. Ce texte de plus de  250 pages devrait paraître avant l’été. Il s’applique aux bardages métalliques simple peau, double peau, à peaux multiples et rapportés en acier, dans le neuf comme en rénovation. Ne sont pas visés les cassettes, écailles, lames et clins, les panneaux sandwiches (ils font également l’objet d’un document RAGE) ainsi que les plaques pré-cintrées ou cintrées in situ ou encore les sur-bardages sur bardages existants.


Mise à jour


« Ce nouveau référentiel réunit, pour la première fois dans un même document, les techniques pratiquées depuis plus de 20 ans », souligne David Piantino, direc-teur marketing et développement pour le groupe Fila. C’est pourquoi il intègre également des préconisations sur des dispositions constructives jamais mentionnées auparavant, « comme par exemple les bardages horizon-taux et les systèmes avec écarteurs verticaux ou posés en biais », cite Valérie Prudor, déléguée générale du SNPPA**. Des modifications importantes concernent également la lame d’air ventilée. Le document RAGE rappelle que sa présence est liée à la nature et à la pose de la peau extérieure. Ainsi, elle n’est pas nécessaire avec un parement en pose verticale. En revanche, dans le cas d’ouvertures (baies) dans la paroi à des hauteurs supérieures à 50 m, une lame d’air ventilée d’au moins 20 mm est requise. De même, dans le cas d’une peau en pose horizontale, une lame d’air ventilée ou non d’au moins 20 mm est exigée. Par ailleurs, le texte précise que toute autre lame d’air constructive continue, autre que celle située du côté extérieur de la paroi, est proscrite.


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© Rockwool
Les progrès en matière d’isolant ont fait progresser les performances thermiques des bâtiments en acier.

« Le document fait cohabiter les anciens systèmes décrits dans les RP de 1981 et ceux qui se sont développés depuis pour s’adapter aux évolutions techniques et réglementaires », indique David Piantino. Il ne s’agit donc pas de révolutionner les techniques de mise en œuvre mais de rédiger clairement et de la manière la plus exhaustive possible les solutions connues et considérées comme efficaces à ce jour. L’objectif : être accessible à tous, tout en amenant les acteurs du secteur à privilégier les pratiques les plus efficaces actuellement. Les recommandations RAGE rappellent ainsi que la pose d’isolant en un lit en fond de plateaux ne permet pas de traiter les ponts thermiques intégrés au système. Ce type de mise en mise en œuvre a pour objet unique de réduire les phénomènes de condensations sur la paroi et reste, dès lors, réservé aux locaux non chauffés au sens de la RT.


Traitement des ponts thermiques


Parallèlement, le document décrit un certain nombre de solutions pour améliorer le traitement des ponts thermiques notamment au niveau des liaisons. « Des fiches techniques décrivent les dispositions construc-tives applicables par exemple aux jonctions façade / longrine, façade / menuiserie, façade / toiture… », explique Valérie Prudor.


« La performance de perméabilité à l’air du bâtiment est assurée par tous les composants du clos couvert et de leurs jonctions. 
La continuité de l’étanchéité à l’air de tous ces ouvrages (bardages, toitures, menuiseries) doit être assurée. »


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Pour chaque configuration, le document donne ses caractéristiques thermiques. En annexe, une série de tableaux présente égale-ment les valeurs de performances thermiques de bardage double peau en fonction de l’épaisseur de l’isolation, de sa mise en œuvre, en deux ou trois lits, et des écarteurs en Z ou Oméga. Des éléments qui reprennent et complètent les solutions des règles Th-bât de la RT 2012. « Ce qui compte c’est le coeffi cient Up de la paroi. Ce dernier inclut les ponts thermiques intégrés, souligne Amor Ben Larbi, directeur Projets de recherche au CTICM. Les solutions proposées dans les recommandations permettent d’obtenir des coefficients Up entre 0,2 et 0,3 W/m².K, ce qui correspond bien au standard de la RT 2012, voire au-delà ».


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© Soprema
Les raccordements aux menuiseries vont faire l’objet de recommandations précises pour limiter les ponts thermiques.

Précision importante : ces recommandations visent uniquement les solutions dites traditionnelles. Autrement dit, les bardages double peau utilisant des vis entretoises à double fi let associées à des isolants rainurés ne sont pas traités dans le document. Pour ces systèmes, il faudra se reporter soit aux valeurs données par les règles Th-Bât, soit aux avis techniques des produits.


Des solutions pour maîtriser l'étanchéité à l'air


Le nouveau référentiel s’attaque également à une pro-blématique plus récente : la perméabilité à l’air. Signe de l’enjeu : un chapitre du document et une annexe de 35 pages de bonnes pratiques sont dédiés à ce sujet alors qu’auparavant, aucune règle écrite n’existait malgré les exigences croissantes en la matière. « Si rien n’a été inscrit dans les DPM, et si aucune mesure n’a été prise pour réduire la perméabilité à l’air, il ne faut pas s’attendre à de bonnes performances dans ce domaine », rappelle Amor Ben Larbi. Pour atteindre les valeurs fixées par la réglementation thermique, les recommandations proposent, sous la forme de fi ches, différentes solutions de traitement en ayant recourt à l’une des dispositions suivantes :


-   un calfeutrement des joints entre plateaux ainsi que des calfeutrements des joints entre structure et plateaux ;


-   un système de membrane d’étanchéité à l’air de type HPV (Haute Perméabilité à la Vapeur ; sd < 0.1 m s’il est mis en œuvre sur la face extérieure de l’isolant) ;


-    un pare-vapeur qui réalise la fonction de plan d’étan-chéité à l’air intégré au complexe de bardage côté intérieur de la paroi ;


- un doublage côté intérieur (hors cadre de ce document).


« La performance de perméabilité à l’air du bâtiment est assurée par tous les composants du clos couvert et de leurs jonctions, précise l’expert du CTICM. La continuité de l’étanchéité à l’air de tous ces ouvrages (bardages, toitures, menuiseries) doit être assurée ».


Eurocodes


Enfin, les Eurocodes font également, pour la pre-mière fois, leur entrée dans un référentiel destiné aux bardages en acier. Les recommandations continuent toutefois de prendre en compte le référentiel NV 65. Des fi ches techniques propres à chaque référentiel ont été prévues ainsi que des annexes permettant de calculer les actions du vent, sachant qu’on ne peut pas mélanger NV 65 et Eurocodes. « Les calculs restent très complexes, poursuit David Piantino. La collaboration entre industriels et entreprises de pose reste indispensable pour déterminer les besoins d’un bâtiment et répondre à ces obligations. »
Les acteurs de la mise en œuvre des bardages double peau auront bientôt toutes les clés en main pour réaliser des enveloppes effi caces énergétiquement et pérennes dans le temps. Si, pour certains, il s’agira d’intégrer de nouvelles compétences, des perspec-tives de développement pourront également se dessiner avec notamment la conquête de marchés tels que le tertiaire, ou même le logement.


* Centre Technique Industriel de la Construction Métallique
** Syndicat national du profilage  des produits plats en acier