À Issy-les Moulineaux, les immeubles de bureaux Quartz et Opale sont voisins. Ils bénéficient d’une infrastructure commune et partagent parking et locaux techniques. Le premier, siège du groupe Colas d’une surface de 7 500 m², figure la proue de la parcelle tandis que le second (17 000 m²) se positionne dans son prolongement. Les deux bâtiments ont été conçus par Christian de Portzamparc.
« Le Quartz, inauguré en juillet 2018, affiche une forte identité avec une enveloppe en verre sérigraphié» , explique Mohammed Henni, architecte au sein de l’agence 2Portzamparc. Opale a été livré en novembre dernier. Les aménagements intérieurs sont en cours avant l’accueil des salariés de La Poste d’ici quelques semaines. « Pour lui donner du caractère, le choix d’une façade cinétique s’est imposé naturellement afin de bien distinguer ce bâtiment des deux autres qui constituent l’îlot. » Des ondulations dessinées par une écorce protectrice composée de brise-soleil verticaux rapportés devant de grands éléments en verre émaillé. « Elle joue le rôle de filtre solaire et crée une zone d’ombre faisant office d’espace tampon. »
PATTES ET COUTEAUX
Chaque ligne verticale est composée de 9 modules de 3,5 m de hauteur. Pour couvrir l'ensemble de la surface, 1 250 d'entre eux de 344 formes différentes ont été assemblés. Pour assurer leur tenue, ils intègrent une structure portante en aluminium mécanosoudée « qui peut s'apparenter à un châssis enveloppé dans une feuille en aluminium composite blanc découpée au dessin souhaité », précise Othmane Mouhssine, chargé d'activité pour l'entreprise Smac, titulaire du lot.
Leur liaisonnement au support a constitué un défi technique pour les intervenants. Ils ont préconisé le recours à un système composé de pattes rapportées sur le béton et supportant des couteaux sur lesquels sont accrochés les modules. Pour cela, ces derniers disposent, au sein de leur structure aluminium, de platines de 16 mm d’épaisseur dans lesquelles quatre trous ont été préalablement taraudés afin d’accueillir les vis de fixation la scellant avec le couteau. Ceux-ci s’introduisent dans le module via une fente creusée dans la feuille en aluminium côté intérieur (donc invisible). Les éléments s’emboîtent les uns dans les autres.
LASER ET AUTOCONTRÔLE
Validé par les notes de calcul, notamment en termes de résistance au vent, le procédé ne pouvait accepter les imprécisions. D'autant plus que la mise en œuvre des pattes et des couteaux était effectuée avant la pose des éléments verriers. « Leur positionnement ainsi que celui des orifices taraudés devaient correspondre parfaitement. Dans le cas contraire, il aurait fallu déposer les vitrages, repositionner les pattes et les couteaux, reposer les vitrages puis les brise-soleil. » Dans le détail, les pattes sont positionnées tous les 1,35 m, sur les joints creux des vitrages émaillés.
Elles assurent l'alignement en abscisse (X) et en ordonnée (Y) tandis que les couteaux règlent la profondeur (Z). « Lorsque la paroi béton était hors tolérance, nous avons dû faire fabriquer des couteaux plus longs pour absorber cette non-conformité », rappelle le chargé d'activité. Toutes les implantations étaient validées au laser puis vérifiées par autocontrôle.
Chaque jour, pendant quatre mois et demi, les équipes de l'entreprise de bardage ont posé quinze modules par jour à l'aide de treuils et de nacelles. Les modules ont été fixés du bas vers le haut, brise-soleil par brise-soleil à partir du R+1. L'approvisionnement devait par conséquent impérativement respecter le rythme de mise en œuvre, sachant qu'évidemment, il était impossible de laisser de côté une verticale pour y revenir ensuite.
« Nous avons appréhendé ce chantier comme un immense Légo , explique Othmane Mouhssine. À partir d'une idée architecturale, nous avons défini une solution technique viable et qui fonctionne. »