L'enjeu est majeur : selon la Cnam, les chutes de hauteur représentent un accident mortel du travail sur cinq dans le BTP, principalement dans les métiers de la charpente-couverture (40 %) et la maçonnerie - gros œuvre (24 %). Pour affiner les résultats, l'OPPBTP a à la fois recueilli les données relatives à ces accidents mais aussi en lien avec la perception du risque au sein des entreprises.
Le portrait-robot de la victime d'un tel accident est majoritairement un opérateur en CDI et appartenant à une TPE/PME. Les chutes, généralement de moins de 3 m, ont souvent lieu lors d'intervention sur des chantiers de rénovation, pour une intervention de courte durée chez un client particulier. Une fois sur deux, une rupture de toiture fragile ou un défaut d'équipement de protection collective.
Pour enrayer le phénomène, l'OPPBTP va mettre en place du 21 mai au 5 juin une campagne de sensibilisation avec à l'appui des vidéos, des podcasts, des webinaires, un site dédié, des affiches ou encore des formations dédiées et des événements partout en France. Pour coller au plus près des réalités de terrain, la réalisation de ces supports s'est notamment basée sur une enquête entre le 5 février et le 8 mars 2024 auprès de 670 professionnels de 327 entreprises du BTP pour mieux comprendre leur perception de ce danger. En voici les principaux enseignements qui parfois, mettent en lumière un fossé entre théorie et pratique :
- 9 professionnels sur 10 pensent que leur métier est dangereux et la plupart a même déjà vécu ou été témoin d'une chute de hauteur. "Pourtant, la moitié des répondants affirment travailler sans équipement de sécurité au moins une fois par an", déplore l'organisme.
- La majorité des répondants estime que la hiérarchie prévoit les bons équipements en matière de protection. "Pourtant, 40 % des chantiers visités par les conseillers de l’OPPBTP ont été jugés moyens ou insuffisants en termes de sécurité" !
- Sur les chantiers visités avec un bon niveau de sécurité, 46 % pensent que leurs clients ne s’intéressent pas à la sécurité. Ce chiffre passe à 80 % sur les chantiers visités avec un niveau de sécurité moyen. Pourtant, 92 % des professionnels interrogés pensent qu’un échafaudage de pied est un bénéfice pour l’image de marque de l’entreprise.
- Enfin, une majorité des professionnels interrogés considère que les chutes ne sont pas le fait d’un manque d’expérience.
Cette campagne a reçu le soutien de nombreuses organisations professionnelles et syndicales, des assureurs, des loueurs de matériel et de grandes entreprises du secteur.