Le musée se situe au carrefour entre le village et le lac. (c) Indy Architectes
Le musée se situe au carrefour entre le village et le lac.
Acier Corten patiné et voué à évoluer au fil des aléas climatiques d’un côté, acier inoxydable à l’aspect moderne et réfléchissant de l’autre : le nouveau musée archéologique du lac de Paladru marie passé et avenir.

Rendu célèbre par le duo Bacri-Jaoui dans le film « On connaît la chanson » d’Alain Resnais en 1997, le lac de Paladru en Isère est surtout un important site archéologique. Pendant près de 30 ans, les fouilles, réalisées aussi bien sur ses rives qu’au fond de ses eaux, ont dévoilé des vestiges datant du néolithique et de l’an Mil. Ces découvertes ont été rendues possibles grâce à la variation du niveau de surface du lac qui a permis de conserver des formes d’habitats et de modes de vie qui auraient disparu en milieu sec. Plus de 500 objets prennent aujourd’hui place dans un musée dédié situé sur la Commune des villages-du-lac-de-Paladru.

Surtoiture

Sa conception a été confiée à l’agence Basalt Architecture. Il se compose de deux bâtiments. L’un, avec sa structure en acier, abrite les lieux d’exposition. Il affiche en façade des traits découpés à la teinte rouille et patinée propre à l’acier Corten. « Le matériau, comme l’histoire des êtres humains au bord du lac, évolue, se patine, change d’aspect », décrit l’architecte Victor Araujo. À ses côtés, la partie administrative en béton, revendique sa modernité avec son habillage inox reflétant son environnement. D’un côté comme de l’autre, le bardage se retourne en toiture pour créer des monolithes en suspension dans le paysage. « Le musée est visible depuis le haut du village. En concertation avec l’architecte du patrimoine, nous avons donc traité le toit-terrasse à la manière d’une cinquième façade, en mixant surtoiture et végétalisation », précise l’architecte.

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Surtoiture en Corten et bardage métallique se recoupent suivant un calepinage permettant l'alignement des joints.

Le bâtiment devait en outre respecter des exigences potentiellement contradictoires : une ouverture sur les alentours et évidemment sur le lac tout en garantissant des conditions de conservation des œuvres optimales. « Pour laisser entrer la lumière mais pas les UV, nous avons alterné les débords et les casquettes, les façades pleines et les ventelles. La combinaison de l’esthétique et de la technique a abouti à la forme de pirogue que l’on observe aujourd’hui, mais ce n’était pas le but premier ! », explique l’architecte.

Calepinage complexe

Elle a également conduit à la définition d’un complexe de bardage à forte isolation. L’objectif : participer au maintien d’une température intérieure adaptée à la préservation des collections. « Sur la partie métallique, nous avons mis en œuvre un plateau de bardage sur lequel nous avons mis en place un isolant en laine de roche de 210 mm d’épaisseur. La seconde peau en acier Corten est rapportée sur une ossature métallique », explique Frédéric Jacquiot, ingénieur travaux pour l’agence Smac de Vaulx-en-Velin, en charge du lot. Quant à la surtoiture, elle a bénéficié d’un système spécifique composé de plastrons bitumineux soudés sur une membrane d’étanchéité associés à des platines en acier inoxydable munies d’une glissière. Ces dernières permettent la fixation des profils métalliques supports de l’habillage.

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La partie administrative du musée est enveloppée de métal réfléchissant son environnement.

Ces procédés sont bien maîtrisés par les compagnons mais la configuration de l’ensemble a complexifié les conditions de travail. « Pour respecter le calepinage, nous avons effectué la majeure partie des découpes de lames sur chantier, souligne l’ingénieur travaux. À la pose, nous avons positionné chaque parement au millimètre grâce aux ossatures réglables car les joints de chaque face devaient se rejoindre ». Les nombreuses sous-faces à traiter, dont certaines à quelques décimètres seulement du niveau du sol ont imposé parfois quelques positions inconfortables. De la même manière, la pointe de la toiture devait s’aligner avec le joint des parements du bâtiment administratif. « Nous avons prolongé la membrane d’étanchéité ainsi que l’ossature pour qu’elles recoupent les lames inox. Les panneaux de Corten sont positionnés bord à bord », précise Frédéric Jacquiot.

Plots en béton

Comme pour le musée, le second ouvrage est entièrement enveloppé. En façade a été mis en œuvre un réseau d’ossatures métalliques croisées en raison d’une pose verticale des parements. « Il était également nécessaire pour la mise en œuvre de 220 mm d’épaisseur d’isolant en laine de verre ». Les menuiseries sont cachées derrière des éléments de façade perforés pour laisser pénétrer la lumière. « Dans ces cas de figure, les panneaux sont rapportés sur des ossatures amovibles afin de permettre l’ouverture des fenêtres. »

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Les ventelles permettent de laisser pénétrer la lumière sans qu'elle ne porte atteinte aux œuvres.

Quant à la surtoiture, elle repose sur un système de plots en béton lestés et support d’une ossature. Les parements y sont rapportés.

Pour mettre en œuvre les 2 000 m² d’habillage en Corten et les 1 000 m² de parements inox, un an de travaux a été nécessaire. Démarrés en 2019, les contraintes sanitaires mais aussi la forte technicité du chantier ont allongé les plannings. « Il y a eu un travail important réalisé par notre bureau d’études », rappelle le conducteur de travaux ainsi que de Josselin Guillo de l’agence d’architecture Indy Architectes. Aujourd’hui achevé, le site devrait ouvrir ses portes sous peu.