15672_939662_k2_k1_2188914.jpg - Un système spécifique de fixations en fibres composites a été développé pour ce chantier afin d'assurer la résistance sans impacter les performances de l'isolant.
Derrière son aspect ludique et acidulé, le bardage rapporté sur les façades du groupe scolaire a nécessité la recherche et la mise en œuvre de solutions techniques spécifiques pour assurer à la fois résistance mécanique et performances énergétiques. Les fixations notamment ont été l'objet de toutes les attentions.

À Lutterbach (68), le groupe scolaire est en plein centre-ville, à côté de la mairie et de l'église. Cette école construite en 1933 présente une silhouette massive de 22 m de haut, cinq étages et un pignon sud sans fenêtres. Des proportions peu adaptées non seulement à l'échelle de la ville mais aussi et surtout si l'on se place à hauteur d'enfants. Pour couronner le tout, cette passoire thermique impose des conditions d'occupation désagréables pour les écoliers, les enseignants et le personnel de l'école. Sans oublier les factures de chauffage de plus en plus élevées pour la mairie.

Résultat, cette dernière s'est lancée en 2014 dans un vaste programme de rénovation dans un double objectif d'amélioration des performances énergétiques et des qualités esthétiques. Les travaux ont débuté en 2016.

EFFET D'OPTIQUE

Le résultat est une enveloppe qui joue sur l'effet d'optique et apporte de la profondeur à l'ouvrage. « Nous avons très vite orienté nos réflexions vers l'idée d'une façade ludique, originale et qui s'intègre plus harmonieusement dans son environnement grâce à la dématérialisation de ses volumes », explique l'architecte Thomas Weulersse (Atelier d-form). Le bardage rapporté en panneaux d'aluminium composite prend la forme d'un pliage en V « rappelant les cartes hologrammes avec lesquelles jouent les enfants ». En effet, selon l'angle de vue, les couleurs changent. De la cour, le camaïeu se décline dans les oranges, du plus foncé vers le bas au plus clair au fur et à mesure que l'on s'élève. Côté mairie, c'est le vert qui domine. Quatre variations de chaque ont été réalisées sur mesure pour le projet. En partie haute, les parements sont blancs et satinés. Le ciel s'y reflète et se confond avec eux pour mieux les faire disparaître.

La mise en œuvre a été confiée à l'entreprise Galopin. Pour son chargé d'affaires, Nicolas Rebmann, le défiouver la bonne solution technique pour à la fois retranscrire cette forme d'origami souhaité par l'architecte, sans altérer ses performances énergétiques, assurées par une épaisseur de 28 cm d'isolant en laine de roche, posée en deux lits. « Nous avons travaillé avec un tramage de la façade par modules de 628 mm de large et toute hauteur qui se répètent sur la longueur de la paroi. L'objectif : garantir un alignement parfait des parements avec les fenêtres. » Les plis sont réalisés grâce à un réseau complexe d'ossatures. Des premiers porteurs verticaux sont liaisonnés à la paroi en béton tous les 1,30 m. Ils supportent des porteurs horizontaux et l'ensemble garantit la tenue mécanique du procédé. « Sur chacun d'eux sont rapportés des séries de pattes pliées à l'angle défini par l'architecte, à raison de trois pattes par module. » Une ossature filante toute hauteur supporte les 7 800 parements. Arrivés sur chantier prédécoupés selon quatre formats différents, 50 % ont été retaillés sur site pour être adaptés précisément à l'encadrement des fenêtres.

Up = 0,16 W/(m ².K)

Au sein de cette structure complexe s'intègre également l'isolant en laine de roche. L'importance de son épaisseur est due aux exigences de performances thermiques demandées par la maîtrise d'ouvrage (Up = 0,16 W/(m².K) ). « Les pattes de fixation devaient être solides tout en évitant les ponts thermiques. Or, ce type de produit n'existe pas en grandes longueurs. Nous avons effectué des mois de recherche et multiplié les échanges avec le bureau d'études thermiques et les contrôleurs techniques. Nous avons trouvé la solution grâce à une équerre en fibres composites qui réduit fortement le pont thermique et reporte l'effort sur le support en briques du bardage. » En dehors des études préalables, sur le terrain, le chantier a duré près de deux ans en site occupé. En plus de sa complexité technique, les intervenants (et les enfants et enseignants) ont dû s'organiser pour éviter au maximum les nuisances.

LES INTERVENANTS

Maître d'ouvrage Ville de Lutterbach

Maître d'œuvre Atelier d-form

Entreprise de bardage Groupe Galopin (68)

LES PRODUITS

Fixation LR IT FIX Clip (Etanco)

Isolant Rockfaçade (Rockwool)

Parements de bardage Reynobond 55 FR (Arconic Architectural Products Europe)