La SMABTP a éla-boré une assurance spécifique pour les entreprises qui proposent une offre globale de rénovation éner-gétique. Elle garantit notamment un engagement de performance énergétique conventionnelle. Qu’en est-il pour les travaux neufs ?
Nous proposons une garantie « erreur thermique BBC » sur les ouvrages neufs. Mais cette offre est loin d’être encore mature. Au plan national, un projet de texte vise à recon-naître une garantie obligatoire de performance énergétique, après réception, sur la base de la performance conventionnelle du bâtiment neuf. Ce texte n’est toutefois pas encore adopté, ni abouti. Il subsiste donc encore nombreuses interrogations. Des incertitudes demeurent sur des données d’entrée du logiciel RT 2012. De même, la conserva-tion des calculs initiaux n’est pas encore clairement définie. Qui a la responsabilité d’archiver et de sauvegarder ces données ? En tant qu’assureur, on s’interroge égale-ment sur le vieillissement de cer-tains procédés et sur la tenue de leurs performances dans le temps. La question de la maintenance peut elle-aussi être évoquée : par exemple, l’absence d’entretien sur des filtres de ventilation n’est pas sans conséquence sur les consom-mations énergétiques.
Ces questions ne vont-elles pas pousser les assureurs à associer davantage de conditions à ces garanties : obligation d’entretien pour les maîtres d’ouvrage, quali-fications Qualibat pour les entre-prises… ?
Plus le bâtiment devient per-formant et techniquement intel-ligent, plus la maintenance joue un rôle clé. Forcément, ce prin-cipe renforce un peu plus l’idée de mettre en place un dispositif assurantiel réellement incitatif à l’entretien des bâtiments. Ce débat n’est pas nouveau, mais il demeure très encadré par le prin-cipe de l’assurance construction obligatoire. Concernant la quali-fication des entreprises, il s’agit d’un levier d’action important. Nous encourageons, notamment au plan tarifaire, la souscription d’entreprises qualifiées. Cette démarche a toujours été au cœur de la stratégie de la SMABTP, elle l’est aujourd’hui encore, plus que jamais.
En tant qu’assureur, quel est votre retour d’expérience sur le développement de l’ITE ?
Globalement, on peut affir-mer que les techniques d’isola-tion thermique par l’extérieur sont mieux maîtrisées. Comme souvent, les faiblesses constatées concernent les points singuliers : fixations, liaisons avec les menui-series, retour sur acrotères... Il faut rester vigilant. Les surépais-seurs d’isolant rapportées sur cer-tains procédés peuvent modifier leur comportement, notamment en matière de perméance à la vapeur d’eau. Là encore, on voit l’importance d’une approche glo-bale sur ces questions pour éviter ce type d’effet induit. Enfin, le sujet des matériaux inflammables utilisés en ITE reste toujours une préoccupation.
Les entreprises s’inquiètent devant l’émergence de contrôles par thermographie pas toujours maîtrisés et qui peuvent donner lieu à des interprétations parfois simplistes ou erronées avec à la clé de nouveaux risques de conten-tieux…
Il s’agit d’outils puissants qui sont utiles mais à condition de maîtriser les paramètres d’uti-lisation. La caméra thermique n’enregistre qu’une interprétation du rayonnement thermique de la surface qui peut donner une tem-pérature très différente de la réa-lité. D’où à l’arrivée des résultats faussés et des erreurs d’analyse. Il est indispensable que ce type d’appareillage soit uniquement utilisé par des professionnels qualifiés et certifiés. Dans tous les cas, la thermographie ne doit être qu’un élément du contrôle. Une fois de plus, sur ce sujet comme pour les autres, l’approche doit être globale.
Si elle reste encore minoritaire, la construction bois suscite un réel intérêt auprès des maîtres d’ouvrage, y compris dans le ter-tiaire. Quels constats tirez-vous des désordres qui remontent jusqu’à vos services ?
La sinistralité provient direc-tement de la compétence, ou du moins du manque de com-pétence, de certains acteurs. La construction bois demande des connaissances non seulement dans la physique des bâtiments mais aussi dans le domaine spé-cifique du bois. Il existe sur ce marché une grande diversité de matériaux. La bonne connais-sance de la matière première est donc fondamentale. Pour les façades, les sinistres constatés ont souvent des causes récurrentes : utilisation d’une classe d’emploi inappropriée, absence de disposi-tifs de protection à l’eau, fixations inadaptées à la zone climatique.