Le bureau d’études Pouget Consultants a réalisé, pour la CSFE, une étude destinée à évaluer l’impact des procédés de bardage au regard des différents critères imposés par la réglementation. En voici les résultats.

 
 

Objet de l’étude

Mandaté par la Chambre syndicale française de l’étanchéité (CSFE), le bureau d’études Pouget Consultants s’est penché sur l’impact que peuvent avoir les systèmes de bardage rapporté ventilé sur les performances des ouvrages neufs soumis depuis le 1er janvier 2022 à la RE2020. Trois critères ont été analysés :

- le confort d’été, exprimé en degrés-heures (DH) d’inconfort (°C.h), qui évalue le niveau d’inconfort perçu par les occupants sur l’ensemble de la saison chaude ;

- l’Ic construction qui évalue les émissions de gaz à effet de serre des produits de construction et des équipements et de leur mise en œuvre ;

- le Bbio (besoins bioclimatiques, exprimés en points), qui existait déjà dans la RT2012 mais est aujourd’hui renforcé. Il correspond aux besoins énergétiques du bâtiment en matière de chauffage, de refroidissement et d’éclairage.

Deux types d’ouvrage ont été étudiés :

– un immeuble collectif R+4 de 1 887 m² SHAB et un bâtiment tertiaire R+1 de 786 m² et 34,5 % de surface vitrée

– selon plusieurs types de configuration : support béton, métallique ou bois, isolation par l’intérieur, par l’extérieur, sous bardage, sous enduit…

 

Le confort d’été plaide en faveur de l’ITE sur voile béton

« En matière de confort d’été, les performances de l’ouvrage reposent notamment sur l’inertie des matériaux qui le composent », précise Antoine Iahns, ingénieur conseil au sein du pôle construction du bureau d’études et auteur de l’analyse. Pour rappel, dans les grandes lignes, l’inertie d’un bâtiment représente sa capacité à stocker, à conserver puis à restituer plus tard la chaleur.

De par leur lourdeur, les structures béton améliorent l’inertie du bâtiment et affichent de meilleurs résultats que les parois légères. À une condition cependant : « Pour être efficaces, elles doivent être en contact direct avec le volume intérieur. Une isolation par l’intérieur empêche la paroi lourde de la façade de jouer son rôle de régulateur. De la même manière, un faux plafond ou un faux plancher technique empêche le plancher lourd de jouer son rôle de régulation. » L’Isolation thermique par l’extérieur (ITE) est donc avantagée. De plus, « la présence d’une lame d’air dans le cas du bardage rapporté améliore les résultats de quelques points. »

Ce constat va-t-il sonner le glas de l’ITI et des façades légères ? « Non, répond Antoine Iahns. Toutes les solutions constructives sont compatibles avec les exigences de confort d’été de la RE2020. Néanmoins, dans les zones du sud-est de la France, où les exigences sont plus difficiles à respecter, les solutions constructives à faible inertie auront plus d’effort à fournir pour respecter les seuils. À noter que les modes constructifs à inertie légère peuvent améliorer leur performance en la matière par la modification du second œuvre à inertie : plaque de plâtre épaisse, chape béton… »

 

Surfaces vitrées et isolation

En matière de performance thermique de l’enveloppe et de conception bioclimatique, la RE2020 renforce les exigences par rapport à la RT2012. Néanmoins, ces dernières restent accessibles à l’ensemble des solutions constructives sous réserve de renforcer les épaisseurs d’isolant et de traiter les ponts thermiques. « Si l’ITE ou la façade rideaux en ossature bois permettent d’aller plus loin en termes de performance de l’enveloppe que l’ITI, ces trois modes constructifs sont compatibles avec les niveaux requis par le RE2020 », relève Antoine Iahns. Entre un revêtement de façade en enduit sur isolant et un bardage rapporté ventilé, le bureau d’études ne constate pas d’écart majeur sur le Bbio.

« Les bâtiments en ossature métallique sont également compatibles avec ces exigences, mais comme pour les autres modes constructifs, les épaisseurs d’isolant devront être renforcées, tout comme les détails constructifs pour limiter les ponts thermiques », précise l’étude.

Dans le tertiaire, la gestion de l’étanchéité à l’air devient également un enjeu, puisque la RE2020 exige désormais un test de perméabilité à l’air pour les bâtiments de moins de 3 000 m², alors que la RT2012 n’exigeait rien pour ce type d’ouvrage.

Dans les bâtiments de bureaux toujours, « nous avons constaté que la répartition des besoins diffère selon les zones climatiques », explique Antoine Iahns. Au nord comme au sud, l’éclairage compte pour environ 40 % du total du Bbio. En revanche, la proportion entre les postes « chauffage » et « refroidissement » s’inverse selon la région : 40 % chauffage / 20 % refroidissement au nord contre 20 % chauffage / 40 % refroidissement au sud. « Le taux de vitrage a une influence contrastée sur le Bbio : la résistance thermique d’une fenêtre est six fois moins performante qu’une paroi opaque. Une augmentation du taux de vitrage entraîne donc des besoins de chauffage et de froid plus importants. D’un autre côté, les gains solaires des fenêtres apportent à la fois une baisse des besoins en éclairage mais une augmentation des besoins de refroidissement en été. Résultat, dans le tertiaire, la conception de la façade doit absolument être réalisée en concertation avec le bureau d’études pour garantir le respect de la RE2020. »

Enfin, comme pour le confort d’été, une meilleure inertie et des occultations performantes permettent une amélioration du Bbio.

 

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Un nombre de FDES encore insuffisant

Selon les configurations étudiées par Pouget Consultants pour évaluer l’impact carbone des façades (paroi + isolant + finition extérieure + baies + occultations) au regard de la RE2020, les résultats varient entre 9 et 28 % de l’Ic Construction pour un immeuble de 32 logements. Un résultat fortement dépendant de la disponibilité ou non de Fiches de déclarations environnementales et sanitaires (FDES) collectives ou individuelles de la part des fabricants. En leur absence, les calculs ont recours à des Données environnementales par défaut (DED) par essence pénalisantes. Un constat également réalisé dans le tertiaire.

Au-delà de la nature des données environnementales, « les matériaux biosourcés ou les enduits sont bien valorisés, alors que d’autres matériaux sont pour l’instant pénalisés, tels que la terre cuite, le bardage aluminium, les panneaux sandwich ou les façades rideaux »

Entre les systèmes sous enduit et les systèmes sous bardage rapporté ventilé, la balance penche sensiblement en direction des premiers, « sauf dans le cas du bardage bois car, dans les calculs, en tant que matériau biosourcé, il a un poids carbone négatif. On le note également dans le choix de l’isolant. » À noter que le poids des ossatures secondaires n’a pas été pris en compte dans les calculs réalisés par Pouget Consultants car il n’y a pour l’instant pas de données environnementales pour les caractériser.

Le bureau d’études s’est en revanche attardé sur l’influence des fenêtres, du capotage de l’appui des tableaux et des linteaux, ainsi que les occultations extérieures. « Nous avons constaté qu’un m² de baie pèse plus lourd qu’un m² de façade. De plus, chacun de ces éléments a une influence non négligeable sur l’Ic Construction de la façade, notamment, encore une fois, en raison de l’absence de FDES », remarque Antoine Iahns. l

Pour les adhérents de la CSFE, l’ensemble de l’étude est disponible sur simple demande auprès de la Chambre syndicale.