C’est fait. Le tout premier NF DTU 45.4 bardage avec isolation thermique par l’extérieur est entré en application dans son intégralité pour les marchés privés et publics. Intitulé « Système d’isolation thermique par l’extérieur en bardage rapporté avec lame d’air ventilée », il fait suite à la décision de la Commission chargée de formuler les Avis techniques (CCFAT), en 2017, de faire entrer dans la traditionnalité les parements de bardage en stratifié HPL, en plaques de fibres ciment et en clins PVC à fixations traversantes. Il annule de fait les Avis techniques correspondants. « Ces produits sont couramment mis en œuvre depuis plusieurs dizaines d’années, justifie Marine Poulhalec, responsable technique de l’Union professionnelle des métiers de la finition (UPMF-FFB) et secrétaire de la commission de rédaction du NF DTU. Nous disposons aujourd’hui des retours d’expérience et du recul nécessaires pour considérer que leur mode de mise en œuvre relève désormais de la traditionnalité. » Les tuiles et ardoises ne disposant jusqu’alors d’aucun référentiel, l’occasion a été saisie de les intégrer au document. Commencés en 2018, les travaux de rédaction ont duré 5 ans. Un temps record pour l’élaboration d’une norme en 8 parties.
Le NF DTU 45.4 rassemble les préconisations de mise en œuvre pour chacune de ces familles de matériaux. Il prend, par conséquent, une forme un peu particulière. Il est divisé en six cahiers des clauses techniques. Le premier (P1-1-1 CCT) porte sur la pose des ossatures, des isolants et des spécifications communes à tous les parements. Le deuxième (P1-1-2 CCT) traite des panneaux HPL, le troisième (P1-1-3 CCT) des panneaux fibres ciment, le P1-1-4 CCT des clins PVC, le suivant des ardoises naturelles et fibres ciment (P1-1-5 CCT) et enfin le dernier des tuiles plates en béton et en terre cuite (P1-1-6 CCT). Suivent ensuite les plus classiques Critères généraux de choix des matériaux et Cahier des clauses administratives spéciales types, communs à l’ensemble des parties.
Plus petit dénominateur commun
« Le NF DTU a été rédigé à partir des critères et des calculs validés dans l’ensemble des Avis techniques pour que les règles soient applicables à tous les produits d’une même famille. C’est pourquoi il prend en compte le plus petit dénominateur commun pour chaque type de parement », précise Marine Poulhalec. Dans les faits, le domaine d’emploi du document s’avère donc plutôt restreint.
De manière générale, il vise la France, le neuf et la rénovation. Les procédés doivent être mis en œuvre sur des ossatures métalliques ou en bois sur des parois verticales planes, en béton banché ou préfabriqué ainsi que sur des parois en maçonnerie enduites de petits éléments. Sont également ciblés les sous-faces horizontales ou inclinées en béton, les halls d’entrée non fermés, préaux, porches et autres passages couverts, les loggias et les balcons pour les parements HPL et fibres ciment. Avec de nombreuses limites. Sont ainsi concernés :
Pour les panneaux HPL, à fixation traversante uniquement :
- les bâtiments d’une hauteur maximum de 50 m ;
- les panneaux d’épaisseur 8 ou 10 mm, de largeur maximale 1 220 mm et de longueur maximale 2 440 mm ou 3 000 mm selon la stabilité dimensionnelle du parement ;
- les mises en œuvre de panneaux HPL sur ossature bois et métallique avec un entraxe de 600 mm maximum ;
- la fixation sur ossature métallique par vis autoperceuse ou rivet ;
- la fixation sur ossature bois par vis à bois des panneaux.
Pour les parements en panneaux de fibres ciment uniquement moyenne densité (masse volumique comprise entre 1 300 kg/m3 et 1 500 kg/m3 et variations dimensionnelles ? 0,5 mm/m pour une humidité résiduelle entre 30 % et 90 %) et haute densité (masse volumique ? 1 500 kg/m3 et variations dimensionnelles ? 1,6 mm/m pour une humidité résiduelle entre 30 % et 90 %) et à fixations traversantes :
- les bâtiments d’une hauteur maximum de 50 m ;
- pour les densités moyennes, les panneaux d’épaisseur 8 mm et de dimensions maximales 3 050 x 1 220 mm et pour les hautes densités, les panneaux d’épaisseur 8 mm et de dimensions maximales 3 100 x 1 250 mm ;
- les mises en œuvre de panneaux fibres ciment sur ossature bois et métallique avec un entraxe de 600 mm maximum ;
- la fixation par rivet ou vis autoperceuse des panneaux fibres ciment moyenne densité, et uniquement par rivet pour les panneaux en haute densité ;
- la fixation sur ossature bois par vis à bois des panneaux fibres ciment haute et moyenne densité, et par clous annelés uniquement pour les panneaux fibres ciment moyenne densité.
Pour les clins PVC, à fixation traversante uniquement :
- la mise en œuvre de clins horizontalement sur chevrons ;
- la mise en œuvre de clins verticalement sur liteaux bois ;
- les bâtiments dans les zones de plaines (altitude inférieure ou égale à 900 m) de hauteur maximale 15 m ;
- la mise en œuvre de clins avec un entraxe d’ossature de 600 mm maximum ;
- la fixation sur chevrons et liteaux bois par vis à bois ou clous annelés.
Pour les ardoises :
- les bâtiments en France métropolitaine de hauteur maximale 40 m ;
- la mise en œuvre des ardoises sur chevrons et liteaux bois ;
- les mises en œuvre d’ardoises sur chevrons bois avec un entraxe de 600 mm maximum ;
- la fixation sur liteaux bois des ardoises naturelles : soit avec deux clous, soit avec deux clous et un crochet, soit avec un ou deux crochets ;
- la fixation sur liteaux bois des ardoises fibres ciment soit avec deux ou trois clous, soit avec deux clous et un crochet, soit avec deux clous et crampon tempête, soit avec un ou deux crochets.
Pour les tuiles en terre cuite et béton (tuiles plates de terre cuite ou en béton, tuiles à emboîtement de terre cuite à pureau plat (G0), tuiles à emboîtement de terre cuite à glissement à relief de faible galbe (G1), tuiles planes en béton à glissement et à emboîtement longitudinal (G0), tuiles en béton à glissement et à emboîtement longitudinal à relief de faible galbe (G1)) :
- le domaine d’emploi qui s’étend à toutes les réalisations, en France métropolitaine, dans les zones climatiques françaises de plaine (altitude inférieure ou égale à 900 m) de bardage rapporté sur chevrons et liteaux bois pour des bâtiments de hauteur :
· 50 m en région 1 et 2, toutes catégories de terrain ;
· 50 m en région 3, catégories de terrain IV, IIIb, IIIa et II ;
· 28 m en région 3, catégorie de terrain 0 ;
· 28 m en région 4, catégories de terrain IV et IIIb.
- les mises en œuvre de tuile de terre cuite et tuile en béton sur chevrons bois avec un entraxe de 600 mm maximum ;
- la fixation sur liteaux bois par vis à bois, crochets de pannetonnage.
De manière générale le NF DTU ne vise, pour aucun parement, le pontage des jonctions par les clins entre chevrons successifs non éclissés de manière rigide
« Dans les faits, les configurations décrites ne représentent pas la majorité des projets mis en œuvre », rappelle Stéphane Fayard. Quid en effet des bâtiments à structures bois et métalliques, des parements de grande taille ou d’autres modes de fixation ? Le CSTB avait bien publié des Appréciations techniques transitoires (ATT) pendant la période de latence entre la fin des Avis techniques (AT) et la parution de la norme mais elles ne sont, pour la plupart, plus valables non plus et surtout ne sont pas reconnues comme Règles de l’art par les assurances. « Dans le cas où l’entreprise met en œuvre un procédé non visé par le NF DTU, donc hors traditionnalité, elle doit en informer son assureur qui rédigera un avenant au contrat pour technique non courante », explique la responsable technique. Pour cela, toute une série de justifications sera fournie, ainsi que le coût qui va avec. Par conséquent, « le NF DTU constitue un document incomplet pour les entreprises », constate Stéphane Fayard. D’autant plus que, comme dans tout NF DTU, la performance thermique et la résistance aux séismes sont passées sous silence.
(c) Grégoire Auger
Le NF DTU 45.4 rassemble les préconisations de mise en œuvre pour six familles de matériaux, dont les parements HPL.
QB 54
C’est notamment pourquoi le CSTB vient de publier, à la demande de la profession, son « référentiel de certification QB : système de bardages rapportés », utilisable depuis le 1er janvier dernier. Intitulé QB 54, il précise son but en préambule : « permettre aux industriels de revendiquer une mise en œuvre spécifique et le cas échéant un domaine d’emploi plus étendu (performance de résistance au vent, pose sur COB selon le NF DTU 31.2, aspect réglementaire (pose en zone sismique)) que celui défini dans le NF DTU 54.4. » Il certifie également la résistance aux chocs de conservation des performances et le niveau d’assistance technique. À noter qu’il vient en complément de la certification QB 15 « produits de bardages rapportés, de vêtures et de vêtages et d’habillages de sous-toiture », qui touche, elle, « la production et la transformation des produits de bardages rapportés, la détermination des valeurs certifiées et la norme produit » des familles visées par le NF DTU (voir Bardage. Info n°20). Néanmoins, ces dispositions constructives ne sont pas reconnues par les assureurs et servent uniquement de justificatif à lui transmettre avant la réalisation d’un chantier. La solution reste donc partielle et surtout peu connue de la profession. La rédaction d’un guide de justification sismique pour les bardages visés par le NF DTU 45.4 pourrait constituer la prochaine étape de la mise en place de Règles de l’art complètes pour ces systèmes de bardage rapporté.
(c) SCB
Pour les clins PVC, la mise en œuvre horizontale est autorisée sur chevrons tandis qu'à la verticale, les clins sont rapportés sur liteaux bois.
Contrat type
Ça, c’est pour le verre à moitié vide. Car malgré ses limites, « le NF DTU.45.4 constitue clairement une avancée, souligne Stéphane Fayard. Contrairement aux Avis techniques qui traitent strictement de mise en œuvre, la nouvelle norme contractualise, pour la première fois dans le secteur du bardage, les relations entre l’entreprise et le maître d’ouvrage. » Sont ainsi précisés dans le Cahier des clauses spéciales (CCS) l’ensemble des informations juridiques et administratives liant les deux parties, les pièces et documents à fournir par les uns et par les autres, les engagements réciproques ou encore le règlement des litiges. Il s’agit par exemple du contenu des devis, des exigences pour la reconnaissance des supports avant travaux, les tolérances admissibles du support ou de l’ouvrage fini, la manière de procéder à la réception de l’ouvrage, l’interaction entre les différents corps d’état… « S’il est cité dans les pièces du marché, le NF DTU devient contrat type et permet à l’entreprise de ne pas reprendre ces clauses marché dans ses devis ou conditions d’intervention. D’autant plus qu’il intègre également des règles de précalculs simplifiant la définition du dimensionnement des bardages. Dans la limite du domaine d’emploi, certes, mais il permet à l’entreprise de reprendre la main sur ses activités grâce notamment à la possibilité de proposer des variantes », insiste Marine Poulhalec. Éviter que l’entreprise ne soit cantonnée au rôle d’exécutant, tel est aussi et surtout l’objectif de ce NF DTU. Elles gagnent en indépendance par rapport aux bureaux d’études et aux industriels et expriment leur savoir-faire et leur qualité de prescription.