Tout d’abord, une forte hausse
Toute la filière bâtiment le sait : les prix s’envolent. Ceux du métal, et notamment de l’acier, ne font pas exception. Tout a commencé lors du redémarrage post-covid de l’économie mondiale. « La reprise a été plus rapide et plus importante que prévue. Le cycle de production industrielle n’a pas été capable de répondre à cette amplitude et à cette célérité de la demande », explique la Fédération française du bâtiment (FFB). Un déséquilibre encore aggravé par la spéculation mais surtout par le déclenchement de la guerre en Ukraine. Or, avec la Russie, le pays est un gros producteur d’acier et d’aluminium. « Les inquiétudes sont un peu retombées aujourd’hui mais les premières semaines du conflit ont fait craindre le pire. » C’est-à-dire, ne pas être en capacité de livrer. Le réflexe a alors été de stocker les produits encore disponibles pour disposer d’une réserve suffisante pour assurer ses activités.
Puis, une tendance au tassement
Depuis le cœur de l’été, les prix de l’acier semblent repartir à la baisse. Le niveau des demandes reprend un cours plus classique et les stocks, réalisés quelques mois plus tôt, sont généralement assez fournis pour y répondre. « D’autant plus que le redémarrage de l’industrie automobile, envisagé pour la rentrée, ne semble pas être au rendez-vous », note la FFB. Pas de concurrence de filière donc et une disponibilité des matériaux d’autant plus suffisante.
Mais pour combien de temps ?
« Impossible de se prononcer », souligne la FFB. Car depuis, la crise de l’énergie s’est invitée et avec elle l’explosion des coûts. Or, la filière acier est très consommatrice et notamment d’électricité. « Plusieurs aciéristes ont entamé leur transition de l’énergie pétrosourcée à l’énergie électrique avec des changements de fours notamment. Or l’électricité est l’énergie qui a le plus augmenté. » À tel point que certains ont fini par limiter leur production pour éviter des factures cinq, six, sept fois plus élevées que la normale. « Si une partie de la consommation reste couverte par les contrats longs, le reste se paye au prix fort et ce tout au long de la chaîne de production des produits jusqu’au client final. »
Les entreprises au bout de la chaîne
Pour les entreprises, cette volatilité des prix est de plus en plus complexe à intégrer dans les devis. Les organisations professionnelles n’ont de cesse de demander une vraie solidarité de filière à la fois en termes de tempérance sur les prix des matériaux en amont et d’insertion systématique de clauses de variations de prix dans les contrats en aval. Si ces dernières viennent d’être validées par le Conseil d’État pour les marchés publics (une circulaire est encore venue le rappeler le 5 octobre), rien n’est précisé pour les marchés privés. Quant aux contrats passés, souvent à prix fixe, les négociations se font au cas par cas et sont difficiles à mener. Pour trouver des solutions, le recours à un médiateur a été rendu possible. Le gouvernement lui a récemment assigné la mission supplémentaire d’améliorer la prévisibilité des prix des matières premières. Il est gratuit et confidentiel (mediateur-desentreprises.fr). À la Chambre syndicale française de l’étanchéité (CSFE), des courriers types sont mis à disposition des adhérents et les systèmes de médiations ont été promus.